J’ai bien failli faire une fausse route cet été en mangeant mes oeufs au bacon à plus de dix mille kilomètres de Paris, et pas parce que je n’ai pas pris le train. Non, la faute revient à une information répétée à l’infini par la presse britannique aux quatre coins du monde et qui s’est une nouvelle fois empressée de vilipender la France et ses compagnies aériennes sans aucune raison valide, sans doute un énième relent des effets du Brexit.
Le chaos qui a touché le ciel britannique ces derniers jours aurait en effet été déclenché par un plan de vol « douteux » émanant (évidemment) d’une compagnie aérienne française, une information toujours non confirmée par la National Air Traffic Services (NATS) et qui de toutes les façons ne peut expliquer la panne généralisée du système de contrôle aérien du Royaume-Uni.
L’annulation de milliers de vols aura des conséquences exorbitantes pour les compagnies aériennes impactées et la NATS devra sans doute rendre des comptes, alors que certaines briques de son architecture ont été mises en place il y près d’un demi-siècle.
En attendant, le mal a été fait et la France apparaît comme la source d’une action malveillante pour beaucoup de citoyens du Royaume-Uni, comme par hasard…
C’est pourtant une entreprise britannique, AOG Technics, qui est accusée par les motoristes Safran et General Electric d’introduire des pièces de rechange contrefaites sur le marché de l’aviation commerciale en Europe, une pratique extrêmement rare et qui, de mémoire, touchait plutôt des entreprises chinoises. L’UK CAA mène l’enquête depuis quelques semaines, mais un grand nombre de documentations falsifiées aurait ainsi permis l’installation de pièces de rechange non traçables sur des CFM56 et sur des CF6 équipant des appareils immatriculés au Royaume-Uni.
C’est aussi au Royaume-Uni que vient d’être été nommé un certain Grant Shapps à la tête du ministère de la Défense et qui vient ainsi succéder au très compétent Ben Wallace suite à sa démission, une nouvelle qui n’est pas vraiment rassurante alors que la guerre Ukraine-Russie s’éternise. Le Premier ministre Rishi Sunak a ainsi choisi un ancien homme d’affaires qui s’est enrichi sur Internet par quelques magouilles bien documentées.
Pour la petite histoire, Grant Shapps est aussi celui qui a oeuvré personnellement pour la sortie de Royaume-Uni de l’EASA lorsqu’il était secrétaire d’État aux Transports, une mesure qui n’avait strictement aucun lien avec les négociations du Brexit et qui ne redore en rien le blason de l’aviation outre-Manche.
Eh oui, la presse française peut aussi jouer à ce petit jeu. Balle au centre…

