C’est un coup remarquable que vient de mener Ben Smith, le directeur général d’Air France-KLM en voulant s’attaquer à Scandinavian Airlines System (SAS). Non seulement personne ne l’a vue vraiment venir, mais en plus cette opération pourrait s’avérer particulièrement rentable si elle était menée jusqu’à son terme.
Nous en saurons un peu plus durant ces 48 prochaines heures avec une décision importante attendue de la part du tribunal des faillites de New York qui doit évidemment statuer sur la reprise de SAS par Castlelake, Air France-KLM et Lind Invest.
En cas de victoire, et après un long processus de réorganisation à mener, le groupe franco-néerlandais pourra ainsi arracher à Star Alliance l’un de ses membres fondateurs, à la barbe du groupe Lufthansa et pour une somme relativement modeste (144,5 millions de dollars), l’équivalent de deux à trois monocouloirs neufs !
Mais Air France-KLM regarde aussi depuis un certain temps comment entrer au capital de la compagnie portugaise TAP, alors que le gouvernement portugais a officiellement lancé un nouveau processus de privatisation le 28 septembre dernier. Dans le viseur, le juteux marché des liaisons entre l’Europe et l’Amérique du Sud via Lisbonne.
Évidemment les deux autres grands groupes de l’aérien en Europe sont aussi sur les rangs : IAG pour parfaire son positionnement vers les Amériques depuis la totalité de la péninsule Ibérique et le groupe Lufthansa pour éviter de perdre un important partenaire sur ce marché.
Il ne va pas sans dire que le dossier TAP est aussi l’espoir d’une revanche pour le groupe franco-néerlandais. Sa partenaire Air Europa est toujours en route pour être absorbée par Iberia d’ici la fin de l’année prochaine, même si la Commission européenne veille au grain. Quant à Lufthansa, elle doit toujours prendre une participation de 41% dans ITA Airways avant la fin de l’année, même si là aussi la Commission européenne semble freiner l’accord depuis quelques mois. Le sujet a d’ailleurs été l’objet d’une passe d’armes entre la Première ministre italienne Giorgia Meloni et l’exécutif européen lors du sommet du G20 à New Delhi début septembre.
Une nouvelle vague de consolidation du transport aérien européen est donc en marche depuis quelques mois, alors que le Vieux Continent est souvent jugé comme ayant trop de compagnies aériennes et un nombre trop important d’aéroports par rapport à d’autres régions du monde. Même si les cinq plus grandes compagnies aériennes européennes représentent déjà la moitié de la totalité du trafic de passagers en Europe, leurs coûts fixes ont sensiblement augmenté après la crise covid (revendications salariales, augmentations de redevances…). Après la fin de l’épisode « voyage de vengeance », la rentabilité des vols avec des tarifs plus normaux va être une priorité pour les compagnies aériennes. Et c’est là que le nouveau jeu de dominos prend tout son sens…
 
			 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
