L’industrie aéronautique française est aussi stratégique pour les besoins du ministère des Armées. Le plan de soutien annoncé par le gouvernement le 9 juin pour faire face à la crise durable du secteur compte tenu des grandes difficultés financières des compagnies aériennes liées à la pandémie de coronavirus comprend désormais un volet lié à la Défense.
La filière aéronautique, évidemment « duale », va donc bénéficier de certaines mesures qui ont été annoncées par la ministre des Armées Florence Parly, confirmant de précédentes informations sur le « jeu de taquin » qui permettra d’accélérer certaines commandes pour donner de la charge à des entreprises en difficultés.
Ces projets de commandes figurent déjà dans la Loi de programmation militaire (LPM 2019-2025) et seront passées dans les prochains mois pour un montant de 832 millions d’euros (en comptabilisant des commandes d’hélicoptères destinés à la sécurité civile et à la gendarmerie pour 232 millions d’euros). L’anticipation des nouvelles commandes d’aéronefs militaires représente près de 5% de son budget annuel d’équipements.
Mais le ministère des Armées veut également doubler le fonds d’investissement Definvest pour le faire passer de 50 à 100 millions d’euros sur cinq ans, une mesure destiner à soutenir des sociétés d’intérêt stratégique par des dotations en capital.
Commande de 8 Airbus H225M pour l’armée de l’Air
Huit Caracal viendront remplacer d’ancien Puma de l’armée de l’Air, dont l’âge moyen de la flotte est de 43 ans. Cette commande, estimée à 300 millions d’euros, contribuera à préserver l’équivalent de 960 emplois pendant 3 ans.
Commande de trois Airbus A330 pour l’armée de l’Air
Trois A330-200 (un appareil neuf et deux de seconde main) viendront anticiper le retrait des A340-200 (2020 au lieu de 2028) et des A310-300 (2021 au lieu de 2023) opérés par l’escadron de transport « Estérel ». Ces appareils seront convertis en A330 MRTT plus tard, à partir de 2025, pour constituer la flotte de 15 appareils en 2030. Cette commande, estimée à 200 millions d’euros, contribuera à préserver l’équivalent de 100 emplois pendant 2 ans.
Commande d’un avion léger ALSR supplémentaire pour l’armée de l’Air
Un troisième avion léger de surveillance et de reconnaissance (ASLR), basé sur une plateforme King Air de Beechcraft, va ainsi être commandé par anticipation (2021 contre 2024) et transformé par Sabena Technics et Thales avec la contribution de nombreuses PME et ETI (Ecrin, Aquitaine électronique, Arelis, Avantix, Elvia, NSE, Reflex, Protoplane, SERTA, AT Aerospace, Dormeca, Examéca Aerotube, Micro-Sud…). L’ALSR commandé préservera l’équivalent de 150 emplois pendant 2 ans.
Commandes de dix H160 pour la Gendarmerie et de deux H145 pour la sécurité civile
Dix hélicoptères de nouvelle génération H160 vont être commandés à Airbus Helicopters pour un montant de 200 millions d’euros. Il s’agit de renouveler une partie des 26 AS350 Écureuils de la gendarmerie. Deux nouveaux H145 vont également rejoindre la flotte de la sécurité civile pour venir compenser la perte de 2 « Dragon » en 2009 et 2019, une commande estimée à 32 millions d’euros. Ces deux commandes d’hélicoptères représentent l’équivalent de 640 emplois pendant trois ans.
Commandes de drones de surveillance navals pour la Marine nationale
Le système de drone aérien de la marine (SDAM), basé sur l’hélicoptère civil Cabri G2 de Guimbal et modifié par NavalGroup et Airbus Helicopters, et le système de mini-drones embarqués (SMDM) fourni par SurveyCopter viendront compléter les capacités des hélicoptères embarqués. Ces commandes, estimées à 50 millions d’euros, contribueront à préserver l’équivalent de 15 emplois pendant 2 ans.
Le Rafale de Dassault Aviation en embuscade
Mais Florence Parly a également annoncé que le chasseur multirôle de l’armée de l’Air allait aussi être concerné par des mesures et que des discussions seraient engagées avec Dassault Aviation dans les semaines à venir. Pour l’instant, les premiers Rafale au standard F4 sont attendus en 2025, mais sait-on jamais…