Tout au long de la semaine, plusieurs pays ont exprimé des inquiétudes en rapport aux difficultés rencontrées ces derniers temps dans le programme F-35 Joint Strike Fighter de Lockheed Martin. Critique du choix au Japon, craintes de retards trop importants en Norvège, restructuration du programme ou encore débat en cours aux Pays-Bas, le F-35 n’a pas fini de faire parler de lui.
Au Japon, un éditorial du journal Asahi Shimbun du 10 janvier remet en question le choix du F-35 comme nouvel avion de chasse. Il critique deux aspects : le fait que le gouvernement n’ait pas encouragé une recherche indigène dans le domaine de la furtivité notamment, et qu’il se soit basé uniquement sur les données fournies par les industriels, sans conduire ses propres essais en vol. De plus, le fait que le F-35 soit encore en développement accroît la part d’incertitudes quant aux performances de l’avion et l’éditorialiste suggère que le premier ministre Yoshihiko Noda aurait dû reporter la décision. Du point de vue économique, le fait que les entreprises japonaises ne fournissent pas de composants clés pour la construction, tels que les radars par exemple, est perçu comme une atteinte au développement économique. Enfin, l’adoption du F-35 est qualifiée de « farce politique », les informations sur la sélection n’ayant pas été rendues publiques. L’éditorial se termine sur une recommandation : le gouvernement doit réinventer une stratégie de défense aérienne.
En Norvège, Views and news from Norway se base sur un article du quotidien Aftenposten du 11 janvier, qui affirme que les États-Unis souhaitant renforcer leur présence en Asie et dans le Pacifique, cela pourrait signifier des réductions budgétaires dans les investissements en Europe. Ce qui pourrait donc retarder encore plus le programme F-35. Dans le cas d’un scénario catastrophe, ce retard pourrait même laisser la Norvège sans avions de chasse en 2023, date à laquelle les F-16 doivent officiellement être retirés du service actif. Il y a trois semaines, le Norway Post avait annoncé que les F-16 allaient être équipés d’une nouvelle voilure en 2014, justement pour faire face aux retards du programme JSF. L’article rappelle que le programme est un des plus coûteux de l’histoire de la défense norvégienne.
Aux États-Unis, le Star of Fort Worth, qui fait référence au site Insidedefense (qui met à disposition – payante – des documents officiels), annonce que des responsables de l’acquisition de l’armement du département de la Défense prévoient une restructuration du programme F-35. Il s’agirait notamment d’établir un nouveau planning d’acquisition et de budget, d’établir de nouvelles estimations de coûts, qui devraient être nettement plus élevés que les 382 milliards initialement annoncés pour la recherche, le développement et la production des 2 443 avions que le gouvernement compte acheter. Une rencontre serait prévue le 17 janvier, une autre à la fin du mois de février.
Et enfin aux Pays-Bas, Radio Netherlands rapporte la visite du ministre de la Défense Hans Hillen à l’usine JSF au Texas. Il aurait déclaré que « Lockheed Martin sait qu’il va devoir se donner du mal pour rester dans la course [dans notre pays] ». La Hollande reste en effet encore très divisée sur l’achat de F-35 pour remplacer une flotte vieillissante de F-16. Aucune décision définitive n’a encore été prise, mais les débats causent des « maux de tête politiques à La Hague ». Le plus gros challenge reste toutefois de convaincre une majorité de Néerlandais et de parlementaires de choisir cet « excellent avion ». Enfin, il soutient que le programme pourrait créer de grandes opportunités dans l’industrie néerlandaise, et être bénéfique en termes d’emplois et d’innovation.
Pour rappel, les Pays-Bas ont voté contre l’acquisition de 85 F-35 en 2010, mais ont finalement voté pour l’achat de deux avions d’entraînement. Le premier est encore en construction dans l’usine visitée par le ministre.