Le missilier européen MBDA a présenté ce 15 juin à l’ouverture du Salon du Bourget son nouveau concept innovant, baptisé FlexiS. Ce « crash programme » a été mené par une équipe de neuf jeunes ingénieurs (trois Britanniques, deux Italiens, deux Français, un Allemand et un Espagnol), qui ont planché pendant six mois sur un concept de missile modulaire.
Le principe de l’édition 2015 du challenge Concept Visions est simple : Il s’agirait de créer des familles de missiles en fonction de leur calibre, composés d’un tronc commun et d’autodirecteurs interchangeables, en fonction de la mission. L’architecture modulaire permet ainsi une configuration aérodynamique d’emport commune, qui permettra de faciliter l’intégration sous avion de missiles air-air ou air-surface.
Une « innovation radicale pour la projection de puissance aérienne dans la durée », selon les termes employés par l’un des ingénieurs qui a travaillé sur le projet. Il s’agit d’augmenter la flexibilité des forces armées et leur capacité de réaction face à une menace, tout en optimisant les capacités sur des opérations de longue durée et en maintenant l’avantage technique avec un budget raisonnable. En clair, faire plus avec moins, avoir la possibilité de configurer un missile quasiment en temps réel en fonction du besoin et améliorer de fait l’efficacité opérationnelle des forces armées.
La vidéo de présentation du concept s’appuie sur l’un des environnements les plus contraignants : le porte-avions. « On est clairement contraint en termes de stocks sur un porte-avions, il faut s’adapter à la configuration, d’où l’intérêt d’avoir des missiles interchangeables », détaille-t-on chez MBDA. « Pour une opération donnée, on vérifie qu’on a les modules, on identifie la cible, on monte le missile qui va bien et qui est optimisé pour la mission, et c’est parti. »
Basé sur des technologies en cours de développement, le concept FlexiS permettrait également de gagner du temps (et de l’argent) en termes d’intégration et de qualification des équipements. « L’aspect sous-systèmes permet d’intégrer plus facilement de nouvelles technologies. Si par exemple on nous dit qu’on a une nouvelle technologie, si les standards sont respectés avec le calculateur, on pourra intégrer la technologie et en tirer tout le gain possible. L’autre challenge sera l’intégration sur les plateformes. A l’heure actuelle quand on a un nouveau missile, on refait toute une intégration. Nous ce qu’on propose c’est d’avoir une intégration plus large et de ne pas avoir à refaire l’intégration pour chaque équipement. »
Ce nouveau concept de missile pourrait également être équipé du système HUMS (Health and usage monitoring system), qui permet l’enregistrement de l’environnement du missile. Intégré aux sous-systèmes, cet élément permettra « d’adapter au mieux la vie du missile ou son temps d’utilisation, en fonction de ce qu’il a vu. Ce n’est pas la même chose si le missile a uniquement fait des exercices en France ou s’il a été intégré sous un avion qui a effectué des missions par 60° au Moyen-Orient par exemple ». Une technologie d’avenir, qui serait par ailleurs envisagée sur les MICA NG.
Il fallait y penser… Pour arriver à ce concept, l’équipe multinationale du missilier s’est appuyée sur des échanges et des discussions avec des experts techniques issus de MBDA, des équipementiers, mais aussi des experts militaires. Le but, comme tous les ans : faire réfléchir, provoquer la discussion avec les autorités, orienter les priorités en matière de R&T, être force proposition. Les clients potentiels : la DGA et le MoD britannique, qui réfléchissent également à l’armement du futur.