Alors que les conditions météorologiques du ciel de Montréal vont maintenant fixer la date du vol inaugural du premier exemplaire de la famille CSeries de Bombardier, ses chances de succès sur le plan commercial restent encore aujourd’hui difficilement quantifiables.
Sur le papier, la nouvelle famille de moyen-courrier de l’avionneur canadien a tout pour plaire. Il s’agit d’avions entièrement nouveaux, disposant d’une motorisation également entièrement nouvelle, dont l’architecture est attendue depuis plus de 20 ans dans cette gamme de poussées (Geared Turbofan). De plus, l’avionneur possède un solide réseau mondial pour son support après-vente, de quoi rassurer tout client potentiel. L’appareil sera disponible plusieurs années avant son proche concurrent brésilien et les futurs monocouloirs remotorisés proposés par Airbus et Boeing seront largement plus capacitaires. En théorie, la famille CSeries pourrait donc représenter au moins un tiers du marché des appareils de 100 à 150 places, soit plus de 2000 appareils sur les 20 prochaines années selon les dernières prévisions de Bombardier, sans doute optimistes.
Pour le très influent Steven Udvar-Hazy, la famille CSeries pèche cependant au niveau du prix d’acquisition, Bombardier surfacturant l’appareil au regard de ses caractéristiques prometteuses, et notamment son rayon d’action, ce qui pourrait freiner ses perspectives de marché face à la concurrence. Selon Henri Courpron, PDG du géant ILFC, les nouveaux appareils moyen-courriers de l’avionneur canadien ont un désavantage de taille face à la nouvelle génération E-Jets E2 d’Embraer : l’important portefeuille clients opérant déjà avec les avions régionaux de la génération actuelle, communalité oblige. Forcement très partial, John Leahy, le directeur commercial d’Airbus avait quant à lui annoncé que le lancement de la famille A320neo avait pratiquement fait disparaître le marché potentiel des moyen-courriers canadiens.
Pourtant, le faible niveau des ventes des A319neo et 737-7 pourrait finalement donner raison à Bombardier, notamment avec les récentes déclarations du PDG de Swiss qui laisse présager par exemple que ses futurs CSeries prendraient la place de certains monocouloirs Airbus.
Sur le plan des avions commerciaux, Bombardier a tout misé sur le CSeries ces dernières années. Il semble aujourd’hui que, fort heureusement, le programme connaîtra déjà un bien meilleur destin que celui des Fokker 70/100 et autres Boeing 717.
