C’est un véritable coup de massue que vient d’infliger Bombardier à ATR la semaine dernière à Moscou.
La volonté de l’industriel public Rostec de produire des biturpropulseurs régionaux de conception occidentale en Russie vient en effet d’être concrétisée par un accord préliminaire visant à l’implantation d’une ligne d’assemblage final de Q400 NextGen qui pourrait initialement livrer une centaine d’appareils aux compagnies aériennes du pays (lire l’article : MAKS 2013 : Le projet de ligne d’assemblage de Bombardier Q400 en Russie progresse).
Comme l’a souligné à maintes reprises Filippo Bagnato, le président exécutif de l’avionneur franco-italien, la dernière génération de Dash 8 de son concurrent canadien n’est pas morte, malgré son important retard en termes de prises de commandes constatées ces deux dernières années.
Les turbopropulseurs de Bombardier sont par exemple pratiquement absents du gigantesque espace aérien russe, avec seulement une paire d’appareils de seconde main opérée chez Yakutia depuis quelques mois, alors que son concurrent européen en aligne déjà une cinquantaine d’exemplaires.
Il n’est pas donc pas encore question d’une véritable « bérézina » chez ATR pour le marché russe, même si le carnet de commandes de l’avionneur européen a largement profité ces dernières années de l’émergence des BRICS, et de la Russie en particulier. Les avions ATR ont encore indéniablement de réels atouts pour le marché régional russe, comme leur faible niveau de consommation en carburant, ou la possibilité de pouvoir opérer depuis des pistes non préparées.
Mais comment ne pas imaginer que les très probables Q400 assemblés en Russie bénéficieront d’avantages commerciaux liés aux taxes à l’importation qui pèsent sur ce type d’appareils, rognant ainsi nécessairement sur les marges de l’avionneur franco-italien ?
Pire, la volonté politique de protéger les intérêts de l’industrie aéronautique russe, au moment où celle-ci elle semble revenir sur le secteur des avions civils, réduira-t-elle à néant toute perspective de nouveaux contrats pour l’avionneur toulousain ?
Il ne nous a pas échappé que le programme A320neo d’Airbus a par exemple été commandé dans toutes les régions du monde mais à un niveau très faible dans l’une d’elles : la Russie (8 exemplaires seulement sur plus de 2300). De là à y voir une certaine pression du Kremlin et de la Douma pour favoriser le démarrage du MS-21…
