Royal Air Maroc est en pleine tourmente. Son Directeur Général Driss Benhima a indiqué, dans une interview accordée au quotidien marocain Le Soir publiée le 15 juillet, que la compagnie devrait enregistrer une « perte sévère » cette année. Elle perdrait en effet deux millions d’euros par semaine depuis le mois de mars. Selon le magazine Maghreb Confidentiel, une privatisation serait même envisagée.
Une éventuelle privatisation pourrait se traduire par une introduction en Bourse d’une partie de ses actions, une ouverture du capital aux employés de Royal Air Maroc et la prise de participation d’une compagnie étrangère. Mais elle devrait nécessairement être précédée d’une recapitalisation.
Les deux dernières années ont en effet été difficiles pour la compagnie, entre la crise économique de 2009 et un sévère redressement fiscal en 2010. Driss Benhima explique qu’une amélioration s’était toutefois fait sentir à partir de l’hiver 2010 et que Royal Air Maroc avait espéré redresser la situation grâce à un trafic en hausse de 12% et un maintien des prix du pétrole autour de 80 dollars le baril. Or des révolutions ont éclaté cet hiver dans le monde arabe, pesant sur le trafic, et le prix du pétrole a presque doublé.
Le Directeur de Royal Air Maroc a également indiqué que si les coûts de la compagnie avaient diminué de 19% en huit ans, ils n’avaient pas encore été suffisamment optimisés. Il estime qu’ils sont encore supérieurs de jusqu’à 20% à ceux de ses concurrentes. Quant aux tarifs, ils ont chuté de 26%.
Plusieurs axes sont envisagés pour une restructuration. Le réseau doit tout d’abord être révisé, de façon à le débarrasser de ses lignes déficitaires. La flotte va également être simplifiée. Elle compte six modèles d’appareils aujourd’hui, ils ne devraient plus être que quatre en 2015. Les Boeing 737 Classic auront ainsi tous quitté la compagnie d’ici la fin de l’année, remplacés par des 737NG. Les A321 sont également appelés à sortir de la flotte. Quant aux 767, ils en disparaîtront lorsque les 787 seront livrés. Enfin, les ATR seront chargés d’opérer les vols domestiques.
Certaines activités vont également devoir revoir leur modèle économique. La formation initiale (RAM Academy) pourrait être ouverte à d’autres compagnies, l’activité handling va être allégée (en raison de la perte du monopole de Royal Air Maroc) et la maintenance pourrait être externalisée.
Enfin, les effectifs vont également être remaniés, notamment par le gel des embauches voire des licenciements et un ajustement des salaires.