A tout miser sur les vacances, Ryanair a raté sa rentrée. La low-cost irlandaise a annoncé le 15 septembre qu’elle allait annuler 2 000 vols d’ici la fin du mois d’octobre afin d’améliorer sa ponctualité, tombée à 80% durant les deux premières semaines de septembre. Une décision qui trahit une surprenante désinvolture dans la préparation des programmes de vol d’un transporteur que l’on s’imaginait plus volontiers calculateur.
Pour s’en expliquer, Ryanair avance plusieurs raisons. La première, ce sont les perturbations survenues dans le trafic aérien européen en septembre, notamment les conditions météorologiques et la grève des contrôleurs aériens en France, qui ont perturbé les programmes de vol et ont amené les pilotes à atteindre plus tôt que prévu les limites réglementaires d’heures de vol – après avoir assuré une programmation à flux tendu durant le pic de trafic des grandes vacances.
La seconde, qui est liée, est l’ultimatum posé par l’autorité irlandaise de l’aviation civile (IAA) de se soumettre aux standards EASA définissant une année opérationnelle comme courant du 1er janvier au 31 décembre et non du 1er avril au 31 mars, comme c’était le cas jusqu’à présent chez Ryanair. A l’arrivée, la compagnie se retrouve avec d’importants arriérés de congés à solder d’ici la fin de l’année et un déficit de pilotes, même si Michael O’Leary le nie. « Ryanair n’est pas en manque de pilotes – nous avons été capables de trouver les équipages nécessaires pour assurer le pic de notre programme été en juin, juillet et août », rassure le CEO de la compagnie.
Mais avec la reprise des embauches et la pénurie dans le monde, les PNT ont de nouveau l’occasion de choisir leur compagnie et les meilleures conditions d’embauche. Et il est un signe qui ne trompe pas et qui trahit l’inquiétude de la low-cost : elle a décidé d’investir davantage dans son personnel navigant technique, en versant des primes à ceux acceptant de prolonger leur contrat et de se rendre disponibles durant une partie de leurs vacances et en décidant de nouveaux recrutements. Comme un mouvement désespéré.
Faute avouée à moitié pardonnée ? Vraiment ?
S’il ne reconnaît pas la pénurie de pilotes, Michael O’Leary a décidé d’être transparent sur la responsabilité de la compagnie. « Nous avons fait n’importe quoi avec la répartition des congés annuels des pilotes en septembre et octobre parce que nous avons essayé de répartir les congés d’une année complète sur une période de neuf mois, entre avril et décembre », explique-t-il, ajoutant : « c’est une pagaille dont nous sommes seuls responsables. » D’autant qu’elle était plus que prévisible puisque l’IAA avait demandé cette régularisation l’année dernière.
La sortie de Michael O’Leary, survenue le 18 septembre, aura eu le mérite de rattraper un petit peu le fiasco de communication du week-end, la low-cost ayant laissé ses passagers dans l’incertitude durant trois jours en ne publiant pas immédiatement la liste des vols annulés et minimisant l’impact de la décision : ces annulations ne concerneraient « que » 2% des vols. C’est ainsi que Ryanair tente de convaincre de son assurance et de restaurer son image de fiabilité.
Passagers déstabilisés et furieux, Commission européenne sur le qui-vive quant au respect de leurs droits, celle-ci a tout de même été sérieusement écornée. Sans doute la low-cost va-t-elle mettre les bouchées doubles dans son programme Always Getting Better et s’attacher à effacer cette tâche sur sa réputation à coup de billets bradés.