Air Madagascar s’est trouvé un nouveau point de chute en France. La compagnie malgache a lancé une nouvelle liaison le 29 mars : Antananarivo – Marseille. Celle-ci n’augmente pas le nombre de fréquences de la compagnie vers l’exagone puisqu’elle remplace l’une des cinq fréquences hebdomadaires qui reliaient la capitale de l’île à Paris jusqu’ici. La liaison sera toujours opérée de nuit et à bord d’un Boeing B767-300ER aménagé en configuration biclasse.
La compagnie a choisi Marseille en raison de son poids économique et de la forte communauté malgache et comorienne présente dans le Midi. Or entre 40 et 45% de ses passagers appartiennent à la clientèle ethnique.
Des résultats encourageants
Le Directeur Général de la compagnie, Ulrich Link, a profité de la conférence organisée pour l’ouverture de la liaison pour exposer les grandes lignes de son bilan annuel. Pour le 45e anniversaire de la compagnie malgache, les comptes d’Air Madagascar devraient être à l’équilibre. Son chiffre d’affaires a augmenté d’environ 10% par rapport à 2005, où il était à plus de 100 millions d’euros, enregistrant sa quatrième hausse consécutive. Le nombre de passagers a crû de 5% (il était de 626.000 en 2005) et le taux de remplissage a pris huit points pour atteindre 65%.
Cependant, Air Madagascar a été très durement touchée par l’augmentation des dépenses en carburant. Le premier coup a été porté par la flambée générale du prix du pétrole. La compagnie malgache étant de taille assez réduite, elle ne pratique pas le « hedging » (couverture carburant) et ne peut donc se protéger des aléas du cours du brut. Ceci a été encore aggravé par le fait que l’achat de carburant n’est pas dérégularisé à Madagascar et qu’il n’y ait qu’un seul fournisseur sur l’île, avec tous les inconvénients qu’une situation de monopole peut entraîner pour le client. Si Air Madagascar essaie d’acheter le plus de carburant possible lors de ses rotations à l’étranger, elle reste obligée de se procurer 50% de son kérosène auprès de lui. Elle a donc été frappée de plein fouet par l’augmentation, qui a complètement anéanti ses recettes et devrait la ramener à un résultat net à l’équilibre, sans bénéfices.
Sur la voie de la croissance
Mais Air Madagascar reste confiante. Elle a en effet parcouru du chemin depuis 2001, année lors de laquelle elle a sombré dans une grave crise financière. Depuis 2002 et avec l’aide de Lufthansa Consulting, elle s’est consacrée à son redressement et s’est désendettée. 2006 a été l’année du remaniement complet de sa flotte. Son Boeing 747-200 a été évincé au profit de deux B767-300ER en leasing, comme la majorité de sa flotte, qui lui appartiendront au terme du contrat. Elle a également reçu trois ATR de nouvelle génération, un ATR42 et deux ATR72, qui se sont ajoutés à son ATR42-320. Elle possède enfin deux B737-300 et quatre Twin-Otter.
Aujourd’hui, l’heure est au renforcement. La compagnie malgache attend la certification IOSA (IATA Operational Safety Audit) après son audit du mois de décembre 2006. Conformément aux plans de l’IATA, elle va mettre en place son système d’e-ticket le 1er mai, initialement sur le réseau long-courrier. Après avoir réussi à remplir ses vols vers Bangkok grâce au partenariat conclu avec Air Austral, elle va développer ses liaisons avec l’Afrique du Sud et envisage une liaison entre Fort Dauphin et Johannesburg. Elle étudie également la pertinence de liaisons vers Canton, en Chine, et vers l’Inde. Mais avant de songer à une forte expansion, Madagascar va devoir résoudre ses propres problèmes. L’électricité n’arrive pas partout, n’est pas toujours disponible 24h/24 ailleurs et l’île ne possède pas d’infrastructures hôtelières suffisamment développées pour accueillir un trop grand afflux touristique, hormis à Nosy-Be.