C’est l’annonce fracassante d’Air France pour améliorer sa compétitivité sur les lignes subissant la plus forte concurrence, notamment en direction de l’Asie du Sud-Est. La compagnie aérienne française va créer une nouvelle entité qui lui permettra de continuer à desservir ses lignes les plus déficitaires, voire de revenir sur certaines destinations fermées au cours des dernières années.
Pour ce faire, la nouvelle direction d’Air France s’est évidemment inspirée des deux seuls modèles vraiment comparables aujourd’hui, à savoir Air Canada Rouge et le programme « Jump » de Lufthansa. La branche à bas coût d’Air Canada a ainsi permis de maintenir un grand nombre de destinations déficitaires, aussi bien sur le long-courrier que sur le moyen-courrier, le tout avec une architecture de hubs évidemment bien plus complexe que l’unique plateforme de correspondance internationale d’Air France à Roissy CDG.
Ainsi, trois ans seulement après son lancement, la nouvelle compagnie canadienne est largement bénéficiaire et a pratiquement atteint sa taille maximale fixée par différents accords syndicaux, à savoir 50 appareils. Quant à la branche opérée par Cityline depuis l’année dernière pour assurer une poignée de lignes « loisir » de Lufthansa depuis Francfort, elle aligne désormais quatre A340-300. Ces deux nouveaux modèles ont été rendus possibles par d’importantes mesures régissant les coûts des PNC, ce qui sera aussi l’un des piliers fondateurs de la future compagnie d’Air France.
Bien sûr, Air France annonce aussi une grande part de digitalisation pour optimiser les opérations de Boost, bien comprendre ici que les revenus annexes (ancillaries) seront développés à leur maximum. Mais ce qui frappe c’est à quel point il faudra du temps pour créer cette nouvelle structure (un an sur le moyen-courrier, dix-huit mois pour le long-courrier). Tout aussi surprenant, la taille de la nouvelle composante moyen-courrier n’est pas annoncée, Air France affichant seulement son ambition d’aligner une dizaine de gros-porteurs dédiés à horizon 2020.
Mais si Jean-Marc Janaillac a voulu rompre avec le passé, la logique conduisant à la complexification de l’offre plutôt qu’à des mesures plus drastiques est toujours de mise. À titre d’exemple, rien que sur le long-courrier, Air France proposera ainsi 3 produits distincts en classe économique. Finalement et bien que de taille modeste, ce nouveau projet montre à quel point les anciennes compagnies porte-drapeau sont devenues irréformables et c’est bien inquiétant.