La décision unilatérale des États-Unis contre Bombardier, destiné à véritablement punir l’avionneur canadien par le biais du département américain du Commerce (DOC) a suscité de nombreuses réactions de par le monde.
Il faut dire que, généralement, lorsqu’un conflit concerne des aides publiques versées à l’aéronautique, c’est plutôt du côté de l’OMC que se tourne le plaignant, en l’occurrence Boeing, à l’instar de ce qu’a d’ailleurs fait Embraer contre Bombardier un peu plus tôt dans l’année.
L’élément le plus troublant dans cette histoire c’est incontestablement le montant des droits de douane visant le CSeries, de très exactement 219,63%. Ce chiffre ne vient sans doute pas par hasard, lorsque l’on sait que plusieurs sources connaissant les détails du contrat des 75 CSeries de Delta Air Lines avaient avancé un rabais supérieur à deux tiers du montant catalogue affiché par Bombardier. Boeing avait alors très fortement dénoncé les méthodes commerciales anticoncurrentielles, voire jugées déloyales, de l’avionneur canadien, sans indiquer que la version la moins capacitaire de son 737 ne correspondait pas vraiment aux besoins de Delta.
S’il semble inconcevable que cette taxation finisse par voir le jour – à moins de vouloir véritablement déclencher une guerre commerciale entre les États-Unis et le Canada -, la pression sur Delta et Bombardier pour la commande attribuée l’année dernière pourrait finalement bien se retourner contre Boeing, l’avionneur de Seattle n’étant pas lui même exempt de tout reproche sur certains contrats civils ou militaires.
Car en accusant Bombardier, Boeing vient finalement de s’attaquer au tout premier constructeur venant de positionner de façon crédible face au grand duopole mondial des avions commerciaux. Et c’est peut-être là le vrai signe d’une reconnaissance ou d’une crainte des qualités actuelles, et peut-être futures, de la famille CSeries.