L’agence de recherche de défense américaine DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) a testé un démonstrateur de missile de croisière antinavire furtif dans le cadre du programme LRASM (Long Range Anti-Ship Missile) destiné à l’USAF et à l’US Navy. Cet essai était conduit en partenariat avec l’Office of Naval Research (ONR) de la Marine américaine.
Le prototype testé est un AGM-158 de Lockheed Martin à portée accrue (JASSM-ER : Joint Air-to-Surface Standoff Missile – Extended Range) dont le système de guidage a été modifié. Le futur missile LRASM, si il était officiellement lancé, devrait également se baser sur ce missile de croisière subsonique furtif. Son rayon d’action devrait être de l’ordre de 300 km.
Le premier tir d’essai a été effectué à partir d’un bombardier B-1B de la 337ème escadre de test et d’évaluation de l’USAF le 27 août dernier, au-dessus de la zone militaire navale de Point Mugu, au large de la Californie. L’objectif de cet essai était de valider le nouveau système de guidage lors de la phase de transition en vol libre du missile subsonique. Deux autres essais devraient intervenir au cours des prochains mois.
À la différence des missiles air-surface conventionnels qui visent généralement à atteindre des navires et sous-marins mouillant dans des ports, et qui sont donc dotés d’un système de guidage de type « Fire-and-Forget » (en général guidage inertiel avec recalibrage par données GPS, puis ciblage par imagerie), le missile antinavire doit pouvoir réactualiser la position de sa cible au cours du vol, de façon autonome ou grâce à une liaison avec des plateformes de renseignement extérieures (ISR). Il est également doté d’un radar altimétrique pour pouvoir effectuer des trajectoires rasantes.

© DARPA
Selon la DARPA, le missile JASSM-ER a atteint avec succès une cible flottante mobile de 80 mètres de long , traversant l’un des conteneurs situés à près de 6 mètres au-dessus de la ligne de flottaison du navire (photo ci-dessous). Le missile était équipé d’une charge inerte. Le guidage autonome du prototype a pris le relais à mi-course, détectant sa cible en mouvement avant de l’atteindre.
Pour l’agence de recherche américaine, l’autonomie du système de guidage est primordiale au regard des nouvelles contremesures électroniques protégeant les navires. Mais le futur LRASM sera bien entendu également équipé d’un système de réception de données lui permettant de changer de cible, ou de modifier les coordonnées de sa cible une fois lancé.
Le programme LRASM est né en 2009 et comprenait initialement 2 variantes : les LRASM-A (missile antinavire subsonique et LRASM-B (version supersonique avec grand pouvoir de pénétration). Cette dernière a été abandonnée par la DARPA en 2012, se concentrant sur les modifications à apporter sur le vecteur JASSM-ER.

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Vers un missile antinavire multi-plateforme A l’instar du célèbre missile Harpoon qu’il pourrait remplacer pour les missions les plus difficiles, le futur LRASM devrait pouvoir être disponible sur différentes plateformes. Le missile pourrait ainsi naturellement être embarqué dans les soutes du B-1B (pouvant déjà accueillir 24 AGM-158, un record au sein de l’USAF), conférant au bombardier un nouveau rôle plus maritime. Mais le LRASM devrait également être décliné en version mer-mer, la DARPA devant tester une variante compatible avec les silos verticaux Mk41 de Lockheed Martin l’année prochaine. |