L’espace aérien européen fermé aux avions russes
Les avions immatriculés en Russie ou détenus par des entités ou personnalités russes ne peuvent plus voler vers l’Ouest. La Grande-Bretagne a été la première à annoncer la fermeture de son espace aérien aux appareils russes et à bannir Aeroflot, dès le 25 avril, au lendemain du début de l’invasion de l’Ukraine. Elle a été rapidement suivie par la Pologne et la République tchèque. Puis les frontières se sont fermées unes à unes de la Finlande à la Bulgarie en passant par les pays baltes, jusqu’à ce que la Commission européenne n’annonce la fermeture de tout l’espace aérien communautaire le 27 février. Quelques poches restent théoriquement ouvertes sans qu’aucune route ne soit possible pour rejoindre ces pays : en Suisse, en Serbie, en Bosnie, au Monténégro, au Kosovo et en Albanie.
Hors UE, d’autres espaces se ferment
Dès le début de l’entrée des troupes russes en Ukraine le 24 février, la Moldavie a fermé son ciel à toute opération aérienne. La Biélorussie, qui a permis à ces troupes de passer sur son territoire pour atteindre le nord de l’Ukraine, a également fermé l’espace aérien au-dessus des régions frontalières avec son voisin du sud. De même, plusieurs aéroports russes situés à proximité de la mer Noire et de la mer d’Azov (comme ceux de Rostov ou de Krasnodar) et en Crimée ont été fermés. L’Islande et le Canada ont également clos leur espace aux compagnies russes.
La Russie répond en bannissant les compagnies de 36 pays
L’agence russe de l’aviation civile, Rosaviatsia, a annoncé que les compagnies de 36 pays avaient désormais l’interdiction de survoler ou de se poser sur son territoire. Cela englobe notamment les 27 pays de l’Union européenne, les états baltes, la Slovénie et la Roumanie. Elle indique répondre ainsi à la décision de ces états de fermer leur propre espace aérien à tous les appareils liés à la Russie.
Les appareils britanniques avaient déjà été bannis du pays le 25 février après que le Royaume-Uni avait annoncé le 24 février qu’Aeroflot n’avait plus l’autorisation d’atterrir sur son territoire.
L’Union européenne interdit la vente de biens et de technologies aéronautiques et spatiaux
L’Union européenne a décidé d’interdire l’exportation vers la Russie de biens et technologies de l’industrie aéronautique et spatiale. L’embargo concerne la vente d’avions, de pièces détachées et d’équipements, mais aussi les services d’assurance et de maintenance liés et toute assistance technique et financière. Le Conseil européen souligne que ces mesures auront un impact très fort sur l’économie et la connectivité du pays « puisque les trois quarts de la flotte aérienne commerciale actuelle de la Russie ont été construits dans l’UE, aux États-Unis et au Canada ». Des mesures similaires mais plus restreintes avaient déjà été prises en 2014 après l’annexion de la Crimée. La Russie s’est depuis attachée à relancer sa propre industrie aéronautique, par exemple en développant davantage d’équipements, de pièces et de technologies (notamment composites) localement. Le développement du moteur russe destiné au MC-21 d’Irkut avait ainsi été accéléré et le premier vol d’un MC-21 motorisé par le PD-14 d’Aviadvigatel a été réalisé fin 2021.
Les sociétés de leasing européennes suspendent leurs activités avec les compagnies russes
Afin de se mettre en conformité avec les sanctions économiques décidées par l’Union européenne, les sociétés de leasing basées en Europe – souvent en Irlande – doivent suspendre leurs contrats de leasing avec les compagnies russes d’ici la fin du mois de mars. AerCap a précisé que cela allait toucher 5% de son portefeuille (en valeur) et BOC Aviation aurait dix-huit appareils placés, soit 4,5% de sa flotte. Selon les données de Cirium sur lesquelles s’appuie l’agence Reuters, plus de la moitié des avions passagers en service en Russie sont acquis en leasing auprès de sociétés étrangères (515 appareils sur 980). La question de la récupération de ces appareils se pose désormais.
L’Allemagne va débloquer 100 milliards d’euros pour moderniser sa défense
Une annonce majeure du chancelier allemand Olaf Scholz le 27 février. L’Allemagne va débloquer une enveloppe exceptionnelle de 100 milliards d’euros dès cette année pour moderniser son armée, jugée « sous-équipée ». L’Allemagne entend ainsi rattraper son retard face aux objectifs de l’OTAN (2% du PIB national) et même les dépasser. Il est question ici de MCO, d’achat d’équipements et d’armements, voire d’augmentation d’effectifs. Le gouvernement allemand avait la veille décidé d’autoriser l’envoi d’armes antichar et des missiles sol-air à l’Ukraine, une décision contraire à ses traditions concernant les zones de conflit.
La Russie n’utilise plus le Centre spatial guyanais
Roscosmos a décidé de suspendre les lancements de ses fusées Soyouz depuis Kourou (Guyane française), précisant que cette décision était liée aux sanctions de l’Union européenne contre la Russie. L’agence spatiale russe rappelle son personnel technique et annonce suspendre « sa coopération avec les partenaires européens ». Trois tirs de Soyouz étaient programmés cette année par Starsem, la coentreprise de Roscosmos et Arianespace. Cette décision est un coup dur pour la société française, alors que le premier vol d’Ariane 6 n’est prévu qu’à la fin de l’année, officiellement. Les relations entre les États-Unis et la Russie dans le cadre de la gestion de l’ISS sont quant elles maintenues.
L’OTAN bientôt privée des capacités offertes par les Antonov du contrat SALIS
Conséquence directe de l’attaque de l’aéroport de Gostomel, au nord de Kiev, des appareils de la société Antonov Airlines, filiale du constructeur ukrainien, ne sont plus disponibles aux membres de l’OTAN dans le cadre du contrat SALIS (Solution intérimaire pour le transport aérien stratégique) qui avait été reconduit en 2021 pour cinq années supplémentaires. Antonov mettait régulièrement à la disposition des pays européens membres de l’OTAN et partenaires jusqu’à six de ses sept An-124-100 pour le transport de fret militaire hors gabarit, voire son unique An-225. La France espérait d’ailleurs compter sur les capacités offertes par SALIS pour le désengagement du Mali (Barkhane). Cinq Antonov Ruslan se trouvaient hors d’Ukraine avant l’invasion russe. Deux avions ont d’ailleurs été déployés à Istres pour le déploiement des force française en Roumanie. Reste à plus long terme la problématique des pièces détachées et de la maintenance, l’An-124 n’étant opéré qu’en Ukraine et en Russie…
Le programme SSJ risque de peser jusqu’à 300 millions d’euros pour Safran
Les sanctions de l’Union européenne contre la Russie risquent de représenter une baisse de chiffre d’affaires de l’ordre de 300 millions d’euros (moins de 2% de son chiffre d’affaires en 2021) pour le groupe Safran au niveau du programme SSJ100, selon les déclaration de son Directeur général Olivier Andriès lors d’une interview à BFM Business. Safran produit une partie des réacteurs SaM146 de Powerjet, sa coentreprise avec NPO Saturn, mais aussi les nacelles et les atterrisseurs de l’avion régional de Sukhoï.
Le titane russe représente la moitié des approvisionnements de l’industrie aéronautique française
Les approvisionnements en titane qui proviennent du groupe russe VSMPO-AVISMA représentent la moitié des besoins de l’industrie aéronautique française et en particulier ceux du groupe Safran. Le titane russe représente même 30% des besoins mondiaux. Le Directeur général Olivier Andriès annonce cependant que le groupe aéronautique français a refait ses stocks avant la crise ukrainienne et que d’autres sources d’approvisionnement étaient envisagées, par exemple au Kazakhstan et aux États-Unis.
L’unique Antonov An-225 Mriya a bien été endommagé
Après une première fausse alerte le 26 février, le seul et unique Antonov An-225 « Mriya » (« rêve» en ukrainien) aurait finalement été gravement endommagé le 27 février dans son hangar situé sur l’aéroport de Gostomel, au nord de Kiev. L’avion cargo le plus grand du monde était opéré par Antonov Airlines, filiale du célèbre constructeur ukrainien Antonov. Antonov a finalement confirmé la mauvaise nouvelle le 28 février, indiquant que l’appareil avait été « endommagé et incendié » alors qu’il se trouvait à sa base pour maintenance. Produit à deux exemplaires, mais avec un seul avion complètement assemblé, l’Antonov An-225 a été développé à l’origine pour pouvoir transporter la navette spatiale soviétique Bourane ainsi que le lanceur associé Energiya. Il avait éffectué son premier vol le 21 décembre 1988. Sa carrière commerciale avait quant à elle démarré en 2001 avec le transport de cargaisons hors norme. Avec ses dimensions uniques (longeur de 84 m, envergure de plus de 88m), ses six moteurs Ivtchenko-Progress D-18T, sa masse maximale au décollage de 640 tonnes ou sa charge marchande de 250 tonnes, l’An-225 « Mriya » comptait 242 records du monde à son actif. Sa durée de vie opérationnelle avait récemment été prolongée jusqu’en 2033.