Boeing a marqué l’actualité la semaine dernière avec la livraison de son premier 737 MAX 9 et celle du premier 787-10. Des actualités qui ont fait du bruit, mais qui n’ont pas masqué son silence sur le litige qui l’opposait à Bombardier sur le programme CSeries. L’avionneur américain avait en effet jusqu’au 22 mars pour faire appel du jugement du tribunal américain du commerce international (ITC), qui avait rejeté en janvier sa plainte et sa demande d’imposer des taxes et droits compensateurs de 292% sur les CSeries vendus aux Etats-Unis. Or, malgré sa déception et sa menace de ne pas en rester là, Boeing a plié face à une décision prise à l’unanimité.
L’accès au ciel américain semble donc dégagé pour Bombardier. L’absence d’appel par Boeing fait également disparaître l’épée de Damoclès au-dessus des négociations commerciales menées par l’avionneur canadien, dont la menace pouvait échauder de potentiels clients et retarder la signature de contrats. Il peut désormais se concentrer le coeur plus léger sur la vente de son monocouloir, même si la perspective du rapprochement avec Airbus peut encore faire traîner les dossiers – l’autorisation des autorités est attendue d’ici cet été.
La prise de contrôle d’Airbus dans le CSeries Aircraft Limited Partnership est le prochain gros dossier auquel Bombardier devra consacrer son énergie. Une fois le feu vert obtenu, les deux avionneurs devront s’atteler à définir les stratégies marketing et financières, ainsi qu’achever la planification de la ligne d’assemblage CSeries à Mobile. Des travaux d’ampleur qu’il vaut mieux entreprendre sans se préoccuper de la menace d’une poursuite.
La hache de guerre est-elle enterrée pour autant ? Rien n’est moins sûr. Car si le conflit commercial est en sommeil pour le moment, une plainte contre le Canada est toujours ouverte auprès de l’Organisation mondiale du commerce. Déposée par le Brésil en février 2017, elle s’attaque à l’octroi de subventions par l’Etat nord-américain à son industrie aéronautique et devrait obtenir l’appui des Etats-Unis. Et bien que groggy après la décision de l’ITC et son éviction temporaire du processus d’appel d’offres lancé par le Canada pour le remplacement des CF-18 fin 2017, Boeing n’exclut pas de relancer une procédure s’il juge que d’autres CSeries sont vendus à perte face à ses 737, notamment son MAX 7. C’est une trêve tout au mieux.