Le Parlement suisse ne se décidera pas avant la session d’automne sur l’achat ou non des 22 chasseurs Gripen du suédois Saab. La commission de Défense a en effet annoncé hier la suspension par 20 voix contre 3 de ses travaux sur cette question, demandant des informations complémentaires et des garanties afin de pouvoir se décider en connaissance de cause. La décision finale ne sera donc pas prise en juin, comme prévu initialement.
« Il reste encore une série de questions à éclaircir avant de décider si l’on libère 3,126 milliards [de francs suisses, soit 2,6 milliards d’euros] pour acheter 22 Gripen comme le demande le Conseil fédéral » a déclaré Chantal Galladé, présidente de la commission de Défense, considérant que l’achat des 22 avions de chasse était encore « trop risqué ».
La commission a listé une série de conditions à remplir pour que la discussion puisse se poursuivre au Parlement à la session de rentrée :
– Des garanties fermes de la Suède concernant notamment les sanctions et les pénalités en cas de non respect du contrat – dont la version définitive devrait être dévoilée en mai.
– Pas de versement d’acompte de plus de 15% du montant total du contrat.
– Une retenue de 8% du montant sur chaque tranche d’achat des avions. Les premiers 4% seront payés si les prestations des avions sont jugées satisfaisantes, les 4% restants seront acquittés lors de la facture finale.
– Le renchérissement suédois pour fixer le prix des Gripen ne doit pas porter préjudice à l’économie helvétique.
En sus de ces conditions, certaines questions restent encore en suspens et n’ont pas encore de réponses définitives : la question de la location de Gripen d’une version antérieure entre 2016 et 2020, afin de pallier au manque capacitaire. Cette location coûterait cher et la décision d’y renoncer pourrait être prise en fonction du prix et du ratio coût-avantage. La commission pose également la question des offsets, qui sont pour l’instant en-dessous du seuil fixé initialement à 30%.
Le gouvernement suisse avait annoncé le 30 novembre 2011 son intention d’acheter 22 Gripen, préférant les avions du constructeur Saab au Rafale de Dassault et à l’Eurofighter. Depuis cette décision, le processus d’acquisition a enchaîné les difficultés politiques et pourrait même être soumis à un référendum populaire.