Le Livre blanc de la Défense cru 2013 fixe les grandes orientations stratégiques pour les prochaines années, en attendant la Loi de programmation militaire (LPM) 2014-2019. Les précédents Livres blancs avaient chacun leur grande thématique : celui de 1972 fixait ses priorités sur la dissuasion nucléaire, ceux de 1994 et 1996 fixaient la capacité d’action extérieure conventionnelle au cœur des débats, et enfin celui de 2008 s’attachait à définir les cinq grandes fonctions stratégiques guidant l’action militaire de la France.
Nouvelles menaces, augmentation du cyberterrorisme, conflits assymétriques, le contexte géopolitique a évolué depuis la dernière édition du Livre blanc de 2008. Les stratégies ont donc été adaptées au contexte et ont quelque peu évolué, même si la trame générale a été gardée.
En premier lieu, les cinq grandes fonctions stratégiques définies en 2008 – connaissance et anticipation, dissuasion, protection, prévention, intervention – sont confirmées en 2013, avec un accent prioritaire accordé à la protection, à la dissuasion et à l’intervention.
La protection du territoire « reste première dans [la] stratégie de défense et de sécurité nationale ». La protection contre les menaces diversifiées telles que le terrorisme, la cybermenace, la prolifération des armes conventionnelles préserve les « grandes fonctions vitales » du territoire national.
La dissuasion, que le candidat Hollande avait refusé d’abandonner lors de sa campagne, est toujours présentée comme « la garantie ultime de la sécurité et de l’indépendance de la France ». Le principe de « stricte suffisance » est toutefois appliqué pour cette fonction, qui se répartit entre une composante océanique (SNA, frégates) et une composante aéroportée (avions de chasse).
L’intervention, quant à elle, maintient la France à son rang de puissance militaire et permet la protection des ressortissants français et européens au-delà du territoire national, dans des opérations de coercition et les opérations de gestion de crises. La France devra également s’adapter aux « menaces hybrides », comprenant des modes d’action asymétriques, des moyens de niveau étatique et/ou des capacités de haut niveau technologique.
Au-delà de cet accent prioritaire, ce sont surtout la cyberdéfense et le renseignement qui sont définies comme des priorités nationales.
Relevant de la fonction stratégique « connaissance et anticipation », le renseignement s’est organisé depuis 2008 sous l’égide du Coordonateur national du renseignement (CNR). La « communauté du renseignement » est composée de la DGSE (sécurité extérieure), la DCRI (renseignement intérieur), la DRM (renseignement militaire), la DNRED (renseignement et enquêtes douanières), et TRACFIN (renseignement et action contre les services financiers clandestins). La DCRI va être amenée à jouer un rôle plus important, en raison de la hausse des menaces terroristes sur le territoire national. De même, le Livre blanc souligne l’importance pour la France de s’équiper de drones MALE et de drones tactiques, afin d’augmenter de manière significative l’efficacité du renseignement sur le territoire national et à l’étranger.
Concernant la cyberdéfense, l’augmentation des menaces nécessite l’augmentation « de manière très substantielle le niveau de sécurité et les moyens de défense [des] systèmes d’information », dans le but de maintenir la souveraineté du pays, mais également l’économie et l’emploi.