Ces deux dernières semaines dans le programme F-35 de Lockheed Martin n’ont pas été de tout repos. Au programme de ce rattrapage, focus sur trois pays participant au programme : Le Canada, en crise depuis une semaine, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne, qui publient tous deux des rapports officiels sur le programme F-35. Sans oublier les Etats-Unis, qui ont dévoilé leur rapport sur les demandes d’acquisition sélectionnées (selected acquisition report) concernant le F-35.
Aux Etats-Unis tout d’abord, le rapport sur l’acquisition du F-35 a été dévoilé à la fin du mois de mars par le département de la Défense. 85 pages de chiffres et données, notamment sur le coût total de l’avion, qui atteint 1 ,51 milliards de dollars pour un cycle de vie prévu de 55 ans. Le document est consultable ici. Lockheed Martin a réagi à ce rapport en le décrivant comme « imprécis », le nombre de données susceptibles de fluctuer en fonction de la conjoncture étant trop important. L’avionneur remet également en cause la décision de reporter l’achat de 179 appareils, ce qui augmente également la facture totale.
Au Canada, on assiste à un véritablement déferlement médiatique depuis la publication du rapport de printemps du vérificateur général Michael Ferguson. Celui-ci attaque en effet le ministère de la défense nationale sur le processus d’acquisition du F-35. En effet, le ministère n’aurait pas établi « de façon adéquate » le coût du projet, notamment en n’établissant pas les coûts totaux sur l’ensemble du cycle de vie du F-35. Les 25 milliards de dollars prévus sur 20 ans ne comprennent par exemple pas un éventuel remplacement d’avions. Le vérificateur général va même plus loin en parlant de « désinformation » : Certaines décisions auraient été prises sans l’autorisation requise et sans avoir l’ensemble des documents demandés. En bref, il n’y a pas eu de processus décisionnel clair et le processus d’acquisition n’est du coup ni équitable ni transparent.
Le gouvernement conservateur a réagi plutôt platement et a tenté de se justifier, déclarant qu’il ne savait pas que l’ensemble des coûts devait être dévoilé au public. De plus, une des polémiques portant sur un « surplus » de 10 milliards de dollars par rapport au prix initial, le gouvernement a assuré qu’il ne s’agissait ni d’un oubli ni d’un mensonge, pour la simple et bonne raison que ce surcoût reflétait les incertitudes qui existent actuellement sur le programme. Le gouvernement a tout de même pris une série de résolutions pour atténuer quelque peu la polémique. Parmi celles-ci : L’enveloppe allouée au programme ne dépassera pas la somme initialement prévue ; un nouveau secrétariat de coordination sera créé, sous la coupe d’un comité de sous-ministres ; le ministère de la défense devra fournir des mises à jour régulières sur l’avancement du programme au Parlement.
Depuis la publication du rapport, la presse canadienne se déchaîne. Contre le gouvernement et contre le programme F-35. La masse d’articles publiés cette semaine dans les médias canadiens montre bien que le futur avion de chasse est véritablement un enjeu important, dont les développements hasardeux de ces derniers temps ne laissent pas indifférent.
En revanche, les industriels qui participent au programme, restent, quant à eux, convaincus que le F-35 représente une manne importante de contrats lucratifs. 70 entreprises travaillent actuellement pour le développement du programme.
Du côté de la Grande-Bretagne, le Parlement a publié un rapport sur la situation actuelle du programme F-35. A la lecture, pas de grande révélation. Les décisions importantes – comme le nombre final d’avions commandés ou le choix de la version – sont annoncées dans un futur plus ou moins proche. On peut cependant y lire que le secrétaire à la Défense a déclaré en mars 2012 devant le Parlement que la coopération des marines française et britannique s’exercerait plus dans le domaine des porte-avions que dans l’interopérabilité des avions. Pour rappel, le potentiel choix britannique de revenir à la version STOVL ne permettrait pas une interopérabilité des avions sur les plateformes françaises et britanniques.
Enfin, aux Pays-Bas, un rapport sur le remplacement de la flotte de F-16 rappelle, lui aussi, toute une série de chiffres concernant le F-35. Là encore, la hausse des coûts est évoquée, mais aucune grande décision d’envergure n’est annoncée. Et pour terminer sur une note positive, Lockheed Martin a annoncé mardi 4 avril le roll out du premier F-35 néerlandais de l’usine de Fort Worth au Texas.