Alors qu’il était sur la sellette depuis une semaine, le général Pierre de Villiers a annoncé le 19 juillet qu’il quittait sa fonction de chef d’état-major des armées. « Dans les circonstances actuelles, je considère ne plus être en mesure d’assurer la pérennité du modèle d’armée auquel je crois pour garantir la protection de la France et des Français, aujourd’hui et demain, et soutenir les ambitions de notre pays. Par conséquent, j’ai pris mes responsabilités en présentant, ce jour, ma démission au Président de la République, qui l’a acceptée », écrit-il dans un communiqué.
Cette démission menaçait depuis plusieurs jours. Lors d’une audition parlementaire à huis clos le 12 juillet, le CEMA avait vertement critiqué les nouvelles mesures d’économies imposées par le ministère de l’Economie, qui concernent le budget de la Défense à hauteur de 850 millions d’euros en 2017, jugeant la position intenable. Ces économies sont destinées à couvrir le surcoût des opérations extérieures, qui faisaient jusqu’à présent l’objet d’un financement interministériel – seuls 450 millions du 1,3 milliard d’euros dépensé sont assumés par la Défense.
Le général Pierre de Villiers demandait au contraire depuis longtemps une hausse du budget de deux milliards d’euros par an sur cinq ans, ce qui aurait notamment permis d’assumer le surcoût de ces opérations extérieures, avec l’objectif d’atteindre une part de 2% du PIB consacré à la Défense d’ici 2022 – un objectif confirmé par le Premier ministre pour 2025.
Le président de la République n’a pas apprécié ses propos très vifs. Dès le 13 juillet, lors de la traditionnelle réception à l’hôtel de Brienne à l’occasion de la fête nationale, Emmanuel Macron a répondu tout aussi vivement à son CEMA, sans le nommer : « je considère qu’il n’est pas digne d’étaler certains débats sur la place publique. J’ai pris des engagements. Je suis votre chef. Les engagements que je prends devant nos concitoyens et devant les armées, je sais les tenir. Et je n’ai à cet égard besoin de nulle pression et de nul commentaire. » Puis il a enfoncé le clou dans un entretien accordé au Journal du Dimanche : « si quelque chose oppose le chef d’état-major des armées au président de la République, le chef d’état-major des armées change. » C’est donc ainsi que la controverse s’achève.
Le général Pierre de Villiers était CEMA depuis trois ans et demi (février 2014). Arrivant à la limite d’âge pour sa fonction, il venait de voir quelques jours auparavant sa mission prolongée d’un an par la ministre des Armées Florence Parly et son mandat devait courir jusqu’au 31 juillet 2018.