Les nouvelles orientations de la politique de défense française font couler beaucoup d’encre depuis quelques jours, en dépit de l’augmentation globale des moyens de 40% annoncée le 20 janvier dernier pour les sept prochaines années (400 milliards d’euros budgétisés au Parlement et 13 milliards de recettes extra-budgétaires). Le glissement d’un certain nombre de livraisons pour des programmes majeurs (Rafale, Guépard…) et la réduction probable du nombre total d’A400M qui seront commandés au final ne font clairement pas les affaires des industriels de l’aéronautique de défense.
Pire, ces orientations ne semblent pas vraiment répondre à la dégradation du contexte géopolitique actuel avec des engagements forts ou avec des axes stratégiques vraiment différenciant par rapport aux chocs subis par la défense française avec la fin de la guerre froide. Certes, la dissuasion nucléaire reste le pilier de la stratégie de défense du pays, avec notamment le lancement de la construction du nouveau porte-avions à propulsion nucléaire qui viendra remplacer le Charles de Gaulle à horizon 2038. Il faudra encore en quelque sorte faire plus avec moins, comme le laissait d’ailleurs entendre le général Thierry Burkhard devant devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale.
Mais il y a aussi de très bonnes nouvelles pour les armées, à commencer par l’augmentation de 40% du budget consacré au maintien en condition opérationnelle (MCO) qui atteindra les 49 milliards d’euros sur la période. La disponibilité des matériels sera accrue et ils seront logiquement plus utilisés.
Le MCO aéronautique faisait d’ailleurs partie intégrante de l’exercice interarmées et interallié ORION 23 il y a une quinzaine de jours pour étudier et adapter la maintenance des aéronefs militaires face aux impératifs opérationnels liés aux conflits de haute intensité. C’est évidemment un développement moins vendeur que l’acquisition d’aéronefs neufs, mais il est tout aussi stratégique pour renforcer la crédibilité de la défense française. Pour l’anecdote, des voix se font aussi de plus en plus insistantes aux États-Unis quant à solidité de la supply chain des principaux programmes de défense du pays, notamment pour pouvoir disposer de pièces de rechange en quantité suffisante pour le chasseur F-35 dans un contexte de conflits de haute intensité.
Finalement, dans ces arbitrages de haute intensité, la célèbre citation du général américain Omar Bradley reste encore saisissante d’actualité. « Les amateurs étudient la tactique et parlent de stratégie, mais les professionnels étudient la logistique ».
