Il arrive enfin. La liaison Paris-Mexico va pour la première fois être opérée régulièrement par Air France en A380, prenant la succession des derniers 747-400 de la compagnie française hier sur cette même ligne.
L’Airbus A380 ajoute ainsi une nouvelle liaison régulière entre deux mégapoles mondiales, un marché pour lequel il a été bien évidemment conçu. Rien à voir en effet avec la coûteuse opération marketing lancée par Air France il y a quelques années et qui proposait l’A380 vers la cité balnéaire de Cancún, une destination à faible yield par excellence. Selon Airbus, pas moins de neuf A380 pourraient ainsi desservir quotidiennement la capitale du Mexique d’ici 20 ans, Lufthnansa prévoyant déjà d’y placer ses super-jumbo l’année prochaine.
L’aéroport international de Mexico, l’AICM, vient ainsi de terminer les travaux destinés à accueillir confortablement le super-jumbo européen, notamment au niveau des infrastructures de ses deux terminaux (une salle d’embarquement dédiée pour chacun avec une passerelle pour le pont supérieur …), une dernière tranche qui s’ajoute à la mise aux normes de certaines aires de roulage effectuées il y a quelques années pour pouvoir accueillir les 747-8 de Lufthansa. Car il est évident que le produit proposé par Air France n’était plus compétitif sur cette ligne inaugurée il y a plus de 60 ans, et particulièrement dans les classes à haute contribution, au regard de ce qui est aujourd’hui disponible sur les trois autres grandes compagnies européennes historiques présentes (KLM, Lufthansa et Iberia). Les 747-400 d’Air France étaient configurés en biclasse, contre 4 classes par exemple sur les appareils de Lufthansa à destination de Francfort.
Vous l’avez sans doute déjà compris, je suis particulièrement attaché à cette ligne, la ligne de ma jeunesse, ma madeleine de Proust. Inaugurée par Max Hymans en 1952, la liaison Paris-Mexico était alors effectuée en Super G avec des escales à Shannon, Gander et New York. Les Boeing 707 prennent le relais en janvier 1961 avec une unique escale à New York. Le temps de vol effectif passe alors sous la barre symbolique des 15 heures. Les premiers Boeing 747 d’Air France desservent ensuite Mexico à partir de 1973, à raison de 4 vols par semaine. Les appareils étaient alors surdimensionnés pour la ligne et seront majoritairement opérés sous leur variante Combi (747-200M) dès leur livraison et jusqu’en 1993, toujours avec une escale au Texas, sauf durant quelques saisons via Miami. Les A340-300 d’Air France prennent ensuite le relais, inaugurant les vols sans escale (12 heures), puis les 747-400 (1998) et les 777 (2001).
Rappelons évidemment qu’à la différence des Triple Sept, l’A380 peut profiter de ses quatre réacteurs, s’affranchissant des traditionnelles pénalités opérationnelles induites par la situation de l’AICM (2300 mètres d’altitude, temps chaud) sur le vol de retour vers Paris.
C’est à la dernière lueur du jour que le premier A380 d’Air France effectuera la longue et traditionnelle approche au-dessus de la ville avant d’atterrir sur la plateforme internationale Benito Juárez. Habitants des quartiers de Polanco, Las Lomas, Tecamatchalco ou de la Condesa, levez les yeux et admirez demain le vol inaugural de l’A380 d’Air France … sous le beau ciel de Mexico !
NB : Le vol AF 438 opéré en Airbus A380 devrait passer à la verticale du Lycée Franco-Mexicain de Polanco entre 18h25 et 18h35 heure locale. Le super-jumbo d’Air France reliera Paris 3 fois par semaine en complément d’un vol opéré en 777-300ER, puis effectuera l’intégralité des rotations à partir du mois de mars.
