Lufthansa a annoncé le 17 mai qu’elle allait suspendre temporairement sa desserte de Caracas, bien qu’il se fut agi de l’une de ses routes les plus rentables. Alitalia et Copa ont fait de même. En ce qui concerne Alitalia, la suspension prendra effet le 2 juin et durera au moins deux mois. Les compagnies indiquent qu’elles ont pris cette décision en raison du blocage de leurs fonds par le Venezuela.
La loi vénézuélienne prévoit en effet que tout bien ou service fourni par une société étrangère est réglé en bolivar et que la devise ne peut être changée qu’avec l’accord du gouvernement. Or, en pleine crise financière, celui-ci a cessé d’autoriser le change.
Selon l’IATA, près de 4 milliards de dollars de fonds appartenant aux compagnies aériennes sont ainsi bloqués au Venezuela depuis 2010. Vingt-quatre compagnies seraient affectées. Dans une lettre publiée à la fin du mois d’avril, l’association a appelé Nicolas Maduro à autoriser le rapatriement des fonds à un taux de change raisonnable, celui en vigueur lorsque les fonds ont été générés. D’autant que le président vénézuélien avait reconnu l’existence de cette dette en mars.
Tony Tyler avait déclaré : « la situation est inacceptable. […] Les compagnies sont déterminées à desservir le marché vénézuélien mais elles ne peuvent pas poursuivre leurs opérations indéfiniment si elles ne sont pas payées. » Son analyse se confirme donc : Alitalia était devenue la seconde compagnie à suspendre ses vols vers le pays – après Air Canada, officiellement à cause de l’insécurité qui règne dans le pays. Par ailleurs, l’IATA avait précisé que onze compagnies avaient déjà réduit leurs capacités d’entre 15 et 78%.
L’IATA avait également reproché au gouvernement du Venezuela d’avoir augmenté de 70% les charges aéroportuaires au mois de décembre sans consulter les compagnies aériennes au préalable ni apporter d’amélioration au déroulement des opérations. Il a également créé de nouvelles taxes spéciales dans le transport aérien pour financer des activités sans lien avec l’aviation.
Air France a réduit ses fréquences
Bien qu’elle soit également concernée par le blocage des fonds au Venezuela, Air France ne prévoit pas l’abandon de la desserte de Caracas. Elle avait toutefois annoncé des « adaptations » à la fin du mois d’avril. Celles-ci ont été mises en place le 5 mai et consistent en une diminution de la fréquence des vols de sept à cinq par semaine, toujours en A330. A l’heure actuelle, aucune mesure supplémentaire n’est envisagée. |