La France connaît un mois d’avril un petit peu particulier dans les transports. La stratégie de « grève perlée » de la SNCF, qui va perturber le réseau ferroviaire au moins jusqu’à la fin du mois de juin, a fait des émules chez les syndicats d’Air France qui ont adopté la même stratégie durant un mois, à raison de deux jours de grève toutes les semaines. Dans les deux cas, les pourcentages de trains/vols annulés vont bien au-delà du taux de grévistes, handicapant les déplacements des voyageurs.
Ceux-ci trouvent donc d’autres solutions : le covoiturage décolle, lui, les sociétés de transport en car aussi. Sur les plus longues distances, ce sont les compagnies concurrentes qui doivent se frotter les mains. Notamment les low-cost qui grignotent chaque année un petit peu plus le pavillon français sans avoir besoin en rien d’être aidées par les grèves. Ce mois-ci, elles peuvent ponctuellement profiter de quasi-monopoles sur certaines lignes intérieures, sans concurrente ni dans les airs ni au sol, et saisir l’occasion qui leur est donnée de faire connaître leurs services et surtout de prouver leur fiabilité. EasyJet confirme que son taux de remplissage déjà très élevé augmente encore les jours où il y a des perturbations.
Pendant ce temps, Air France a perdu 220 millions d’euros au bout de neuf jours de grève (sur les onze qui ont été annoncés) et se retrouve dans une impasse, sa dernière proposition d’accord pluriannuel étant rejetée par l’intersyndicale. Jean-Marc Janaillac a décidé de jouer son va tout en la soumettant à l’ensemble des salariés et non pas aux syndicats, « pour mettre fin à ce désastre et réengager l’ensemble de la compagnie dans la dynamique de croissance ». La consultation s’ouvre le 26 avril et son résultat sera connu le 4 mai.
Si les salariés rejettent l’accord – qui prévoit notamment une augmentation générale des salaires de 6% sur quatre ans en plus des augmentations individuelles, avec des adaptations en fonction des performances de la compagnie -, Jean-Marc Janaillac « assumera personnellement les conséquences de ce vote. » Et entraînera une nouvelle période de flottement inévitable avec un remaniement de direction.
