L’appareil d’Helios Airways a été emporté par une avalanche d’erreurs humaines. Le ministère grec des Transports a publié le 10 octobre le rapport final de l’enquête menée à la suite de l’accident du Boeing B737-300 d’Helios Airways survenu le 14 août 2005. Le bureau d’enquête sur les accidents aériens et de la sécurité aérienne (AAIASB) a travaillé conjointement avec les autorités chypriotes, britanniques et américaines pour parvenir à cette conclusion sans appel : des négligences à tous les niveaux ont précipité la chute de l’appareil sur cette colline au nord d’Athènes.
Le 14 août 2005, le B737-300 immatriculé 5B-DBY de la compagnie de Chypre Helios Airways devait effectuer la liaison Larnaca – Prague avec une escale à Athènes. Il transportait 121 personnes à son bord, dont six membres d’équipage. Le commandant de bord a signalé au centre d’opérations le déclenchement de plusieurs alarmes dès son arrivée à 16.000 pieds. Les masques à oxygène sont tombés peu après dans la cabine alors que l’appareil poursuivait son ascension. Il est monté au FL 340, son altitude de croisière, s’est mis en circuit d’attente au-dessus de l’aéroport international d’Athènes puis s’est écrasé au bout d’une heure et demie de vol, à court de carburant.
La cause principale de l’accident est la position manuelle de la valve de pressurisation de la cabine, ce dont ni le personnel au sol chargé des inspections avant chaque décollage ni les pilotes ne se sont aperçu. L’équipage ne l’a donc pas pressurisée au cours du vol. Il n’a ensuite pas identifié les alertes qui se sont activées (l’alarme de l’altitude pression cabine, des masques à oxygène puis l’alarme maximale), ni la raison de leur déclenchement. Enfin, à cause de la non-pressurisation, les pilotes ont été victimes d’hypoxie et ont perdu conscience. Le pilote automatique étant enclenché, le vol s’est poursuivi jusqu’à l’épuisement des réserves de carburant et l’extinction des deux réacteurs.
Mais de nombreuses autres défaillances ont concouru au drame. Au niveau de la compagnie chypriote tout d’abord. Le rapport grec accuse Helios Airways de carences au niveau de son organisation, sa gestion et sa sécurité. Les formations du personnel navigant auraient également été négligées et les procédures déficientes. Quant aux autorités de régulation chypriotes, elles n’ont pas assumé leur rôle de gardiennes de la sécurité des vols malgré plusieurs audits défavorables sur la compagnie. Enfin, le rapport tient également Boeing pour responsable de n’avoir pas pris les bonnes mesures après le signalement de plusieurs incidents sur ce type d’appareil.
Helios Airways n’existe plus aujourd’hui. Elle a changé de nom pour devenir Ajet. Mais la compagnie chypriote ne semble pas avoir laissé ses carences au vestiaire avec ses attributs divins. Selon le quotidien Le Monde, elle vient de se soustraire de justesse à la sombre menace de voir son nom inscrit sur la liste noire européenne, au côté des compagnies interdites de survol et d’atterrissage en Union Européenne pour raison de sécurité. Pour éviter le ban, les autorités chypriotes lui auraient ôté sa licence de vol en cas de mauvaise visibilité. Si cette échappatoire, qui a radouci les experts européens, satisfait également Jacques Barrot, le commissaire européen aux Transports, Ajet pourra poursuivre son vol en Europe avec pour unique tracas une surveillance renforcée.