Le transport aérien n’a jamais été aussi sûr, en témoignent les excellents chiffres de l’année écoulée. Alors que les quelques 1 400 compagnies aériennes mondiales ont opéré près de 34 millions de vols pour transporter le record de 3,5 milliards de passagers (ces chiffres seront affinés par l’OACI en juillet), on ne dénombre que 14 accidents mortels et moins de 200 victimes. Tous ces accidents concernent des appareils régionaux turbopropulsés.
Ce bilan exceptionnel est même largement en deçà des objectifs ambitieux du programme européen ACARE, qui prévoit seulement un accident mortel par million de vols commerciaux opérés à horizon 2050.
Bien sûr, les tragédies de Germanwings en France et Metrojet en Égypte alourdissent considérablement ce bilan, mais peut-on vraiment les classer comme des accidents, au regard de leurs causes criminelles et des normes internationales régissant les déclarations sur la sécurité ?
On peut évidemment se réjouir de cette tendance même si le très faible nombre d’accidents l’année dernière rend difficile aujourd’hui toute interprétation raisonnée. Certes, le transport aérien fait face à la plus importante vague de remplacement d’appareils de son histoire, ce qui contribue à l’amélioration générale de la sécurité des vols, mais rien ne peut légitimement expliquer le très faible nombre de pertes de coques enregistré l’année dernière.
L’année 2015 aura cependant aussi été marquée par de très grosses frayeurs, même sous pavillon français, et qui fort heureusement ont connu une issue favorable. Je citerai notamment l’approche de l’A330 de Turkish Airlines au Népal ou le décollage du 777 de British Airways à Las Vegas. Ces deux accidents n’auront cependant pas entraîné de perte de coques.
Reste que le point noir reste incontestablement l’Asie du Sud-est et notamment l’Indonésie, encore une fois à la traîne de la sécurité du transport aérien. Deux des trois accidents les plus meurtriers se sont déroulés dans cet archipel, sans compter les multiples sorties de pistes subies par différents opérateurs du pays, symptôme persistant des difficultés à pouvoir mettre en œuvre une réglementation conforme aux critères de l’OACI. Le chemin est d’autant plus difficile que l’Indonésie est en route pour devenir le sixième acteur du transport aérien mondial d’ici 20 ans.

