Il y a deux semaines se tenait la cérémonie du Prix Femmes de l’Aéro et du Spatial à l’Aéro-Club de France. Ce nouveau prix, lancé par Le Journal de l’Aviation et le GIFAS, a pour vocation de mettre en lumière des carrières féminines inspirantes dans la filière aéronautique et spatiale, en mettant en avant la diversité des parcours et l’impact très concret des femmes qui y travaillent. Ces trajectoires démontrent qu’elles y ont toute leur place, qu’il s’agisse de concevoir, produire, innover, ou décider, qu’elles se trouvent sur les lignes d’assemblage, dans les bureaux d’études, les laboratoires de recherche ou les instances de direction.
À l’occasion de cette première édition, huit trophées ont été remis, récompensant huit professionnelles dont l’engagement, l’expertise et les réalisations contribuent à faire avancer l’ensemble de la filière. Le Journal de l’Aviation donne la parole à ces lauréates, afin qu’elles racontent leur parcours, leurs choix, leurs réussites mais aussi les défis qu’elles ont eus à surmonter.
Yannick Assouad, executive vice-president chez Thales Avionics et présidente du CORAC, lauréate du Grand Prix Femme de l’année
Yannick Assouade retrace une grande carrière consacrée à l’aéronautique, sans écarter ses échecs qui ont été formateurs eux aussi, et ressort de son expérience que la diversité des équipes est la clef pour accélérer l’innovation. Persuadée que les collaborateurs du secteur travaillent pour les générations futures, elle sait qu’il faut un avion plus respectueux de l’environnement, plus sécurisé et plus connecté pour avancer. Elle livre sa vision des évolutions et des besoins du secteur, et, surtout, appelle tous les profils curieux à oser venir découvrir les métiers « tellement intéressant » qu’il propose.
Marie-Lou Viollet, ingénieure d’essais sur Ariane 6 chez ArianeGroup, lauréate du Prix du Jeune Talent – Hélène Boucher
Marie-Lou Viollet raconte les événements les plus marquants de sa jeune carrière, notamment son défi le plus déterminant, qui a été de réaliser la campagne d’essais d’Ariane 6. Elle s’est également attachée à adapter les contraintes des phases de qualification à la réalité du passage à l’industrialisation du programme. Pour elle, l’évolution des métiers d’ingénieur est intimement liée à celle des nouvelles technologies.
Véronique Pain, cheffe du Centre scientifique d’ArianeGroup, lauréate du Prix du Management – Maryse Bastié
Pour Véronique Pain, le premier défi de sa carrière a été de tenir bon dans ses ambitions dès le lycée et de choisir une voie scientifique, sans avoir alors de figure de référence. Désormais à la tête d’un centre scientifique d’ArianeGroup, elle a participé à la finalisation du développement d’Ariane 6 et anticipe les évolutions scientifiques à venir, tout en rappelant la nécessité de maintenir la flamme scientifique chez les ingénieurs, alors que l’IA et la data ont tendance à trop prendre le pas sur la science.
Maëva Guibert, soudeuse chez Airbus Atlantic, lauréate du Prix des Métiers Techniques et de Terrain – Jacqueline Auriol
Travaillant sur un projet pionnier de réservoir à hydrogène, Maëva Guibert est l’incarnation du message selon lequel la soudure aéronautique est davantage une question de dextérité que de force. Elle raconte son environnement de travail, sa façon de voir son métier et incite surtout les jeunes et les jeunes filles à oser intégrer les métiers techniques de l’aéronautique.
Sandra Bouxirot, fondatrice et directrice de France-BIA.com, lauréate du Prix de l’Enseignement et de la Transmission – Louise Faure Favier
Pour Sandra Bouxirot, l’un des moments les plus déterminants de sa carrière a été sa sélection comme pilote de l’armée de l’Air et de l’Espace. Ayant eu sa chance, elle a eu envie d’offrir le même genre d’opportunités aux jeunes, ce qui a mené à la création de France-BIA.com. Voyant le prix de l’Enseignement et de la Transmission comme une reconnaissance du travail des enseignants et des chefs d’établissement qui permettent aux élèves de concrétiser leur préparation du Brevet d’Initiation Aéronautique, elle estime qu’il faut communiquer avec les parents pour attirer les jeunes vers l’aéronautique car ce sont parfois eux qui, consciemment ou non, les freinent.
Estelle Piot, directrice de recherche à l’ONERA, lauréate du Prix de l’Innovation & de la Recherche – Valérie André
Estelle Piot se réjouit de ce prix, qui lui rappelle l’importance qu’ont eu les modèles féminins qu’elle a croisés au cours de sa carrière. Expliquant l’impact potentiel de son travail et le lien qui existe entre la recherche et l’industrie, elle loue le foisonnement, l’effervescence et les possibilités énormes d’innovation qu’offre le secteur aéronautique et spatial.
Florence Minisclou, directrice générale de la division Moteurs civils de Safran Aircraft Engines, lauréate du Prix de la Carrière – Caroline Aigle
Alors qu’elle travaille de front sur plusieurs défis au sein du groupe Safran (ramp-up de la production de moteurs civils, développement du démonstrateur RISE, etc.), Florence Minisclou souhaite rappeler avec ce prix que « l’ambition n’a pas de genre » ni de frein. Elle espère que cette reconnaissance permettra d’inspirer d’autres jeunes femmes, mais aussi des jeunes issus de milieux modestes, appelant chacun à se faire confiance et à ne pas se mettre d’obstacles pour progresser.
Sandrine Rolland, responsable des projets « efficacité énergétique et durabilité » au FlightLab d’Airbus, lauréate du Prix de l’Initiative Sociale ou Environnementale – Marie Marvingt
Ayant contribué au projet ZEROe d’Airbus, Sandrine Rolland est également impliquée dans le projet Fell’fly de vol en formation et dans les études sur les traînées de condensation laissées par les appareils en vol. Elle estime que le travail du FlightLab d’Airbus est essentiel car la recherche autour de l’empreinte environnementale de l’aviation et sa réduction doit grandir.
