Le transport aérien français a été l’objet d’une forte attention durant le mois de février, souvent pour des raisons intimement liées à sa compétitivité face aux principaux transporteurs européens et mondiaux.
Le groupe Air France KLM marche tout d’abord enfin sur ses deux jambes, selon l’expression consacrée par sa direction lors de la publication des résultats annuels. Cela n’était pas arrivé depuis 8 ans. Mais ne nous trompons pas, l’apport de la baisse du carburant a été l’un des facteurs prépondérants dans les bons résultats affichés par la grande compagnie aérienne française, et ils auraient encore été bien meilleurs avec une structure de coûts proche de celle du groupe IAG, qui vient d’ailleurs d’afficher des chiffres exceptionnels la semaine dernière en termes de rentabilité.
La liquidation judiciaire d’Air Méditerranée, qui luttait déjà depuis quelques années pour sa survie, en témoigne la tumultueuse aventure de sa filiale grecque Hermes destinée à réduire ses coûts, rappelle que le transport aérien français reste particulièrement fragile et que le délitement du pavillon français devrait se poursuivre encore une fois cette année, faute de pouvoir se développer face à ses rivaux. Air France, Corsair, XL Airways ou Aigle Azur n’ont par exemple aucune intention de se développer cette année et seule Transavia essaiera de contrer les appétits féroces d’easyJet et de Vueling sur le sol français.
Autre mauvaise nouvelle pour le pavillon français, l’arrivée de la filiale long-courrier de Norwegian à Roissy CDG l’été prochain pour desservir les États-Unis. Bien qu’avec une présence qui sera relativement modeste en parts de marché au départ (un aller/retour quotidien opéré en 787-8), cette compagnie long-courrier reste néanmoins le symbole du « pavillon de complaisance » en Europe, même si rien n’indique qu’une telle pratique sera d’actualité en France, notamment au niveau des PNC. Elle montre aussi la facilité déconcertante des compagnies low-cost à s’enfoncer dans le ciel français ; « comme dans du beurre », au regard des possibilités tarifaires engendrées par des coûts opérationnels sans équivalent en France.
Le pavillon français a une nouvelle fois perdu des parts de marché l’année dernière, en baisse de 0,5 point en nombre de passagers (14 points en 10 ans). La bonne nouvelle viendra peut-être de « Sunline », la nouvelle compagnie low-cost tout en bleu du groupe Dubreuil qui sera dévoilée le 17 mars prochain.

