Les moteurs qui propulsent l’A400M sont indissociables de l’histoire du nouvel avion de transport militaire européen. Produit par Europrop International (EPI), coentreprise créée spécialement en 2002 par Snecma, Rolls-Royce, MTU Aero Engines et par ITP dans le but de réunir le meilleur des meilleurs motoristes aéronautiques européens, le TP400-D6 s’est révélé être l’un des programmes de propulsion les plus complexes, jugé en partie responsable du report de mise en service du nouvel appareil de transport européen ces deux dernières années.
Le TP400-D6 est un turbopropulseur disposant d’une architecture triple-corps chère à Rolls-Royce, l’arbre de transmission lié au réducteur étant complètement indépendant de ceux du compresseur et de la turbine HP. Ce moteur est capable de produire une puissance supérieure à 11 000 chevaux sur l’arbre (8 200 kW) soit plus du double de celle des autres turbopropulseurs produits en occident (PW150A de Pratt & Whitney Canada motorisant le Q400 de Bombardier). Les turbopropulseurs les plus puissants jamais conçus sont quant à eux d’origine russe (NK-142MA de Kouznetsov) pour les bombardiers stratégiques Tu-95 Bear à la fin des années 50, capables de fournir jusqu’à 15 000 chevaux.
Les quatre turbopropulseurs de l’A400M sont complètement identiques. En revanche, le sens de rotation des hélices est différent en fonction de la position du moteur afin de limiter l’effet de couple et les efforts structuraux induits sur la voilure, permettant ainsi de s’affranchir de certains renforts structuraux et donc de réduire la masse de l’appareil. Cette configuration dite « DBE » (Down Between Engines – pâles descendantes entre les moteurs) est possible grâce à un montage différent de la boîte d’engrenages liée à l’arbre d’hélice. Les hélices à huit pales, produites par Ratier-Figeac, ont un diamètre de 17 pieds (5,3 mètres).
Les pays clients de l’A400M ont ainsi commandé près de 750 TP400-D6, en incluant les moteurs de rechange. À l’instar de nombreux autres équipements, la maintenance et les réparations régulières lourdes des nouveaux turbopropulseurs de l’armée de l’air française seront assurées à Bordeaux et à Clermont-Ferrand, dans les ateliers de l’AIA (Ateliers Industriels de l’Aéronautique) du SIAé, le Service Industriel de l’Aéronautique qui dépend directement du ministère de la Défense.
Les TP400-D6 ont décroché leur certification civile EASA en avril 2011, facilitant le suivi et la possibilité de partager des moteurs de rechange, ainsi que des composants remplaçables LRU (Line Replaceable Unit) entre les pays opérateurs. La gestion des moteurs est centralisée par Europrop International qui détient le certificat de type. La fourniture des principaux éléments remplaçables du moteur sera quant à elle assurée directement par les motoristes concernés (par exemple Snecma pour les éléments de la partie chaude).
Spécifications & performances du TP400-D6
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Longueur |
3,5 m
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Diamètre (sans hélice) |
0,92 m
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Diamètre (avec hélice) |
5,33 m
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Masse (sans hélice) |
1900 kg
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Puissance maximale décollage |
11065 shp (8251 kW)
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Puissance maximale en continu |
10690 shp (7971 kW)
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Taux de compression |
25
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Architecture |
triple-corps / compresseur à 11 étages répartis sur 2 arbres
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Hélices |
FH385 (rotation antihoraire) et FH386 (horaire)
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Type hélice |
Huit pales, pas variable, masse de 669 kg
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Vitesse de rotation décollage |
860 tpm
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Vitesse de rotation en continu |
842 tpm
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Carburants certifiés |
JET A, JET A1, JET B, JP4, JP5, JP8, et JP8+100
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Source : EPI, AESA
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