« Avant l’heure ce n’est pas tout à fait l’heure ». Cette petite phrase prononcée par Éric Trappier, le PDG de Dassault Aviation sur RTL hier matin en dit hélas encore beaucoup sur la cacophonie qui règne depuis des mois sur le programme d’avions de combat de nouvelle génération SCAF (Système de Combat Aérien Futur) qui doit conduire au remplacement des premiers Rafale et Eurofighter à l’horizon 2040.
Il n’y a certes plus vraiment d’allusion au fameux « plan B », signe que les choses avancent, mais l’accord de partage des tâches entre Dassault Aviation et Airbus DS pour la phase 1B du SCAF n’est pas encore signé, contrairement aux annonces politiques venues d’Allemagne, puis de l’Élysée vendredi dernier.
Ce qui est sûr c’est que Dassault Aviation et Airbus montrent clairement plus d’optimisme et peut-être plus d’entrain depuis ces deux derniers mois, souhaitant toujours parvenir à un accord avant la fin de l’année pour ne pas encore retarder le démonstrateur du NGF (2027) et par la même la totalité du programme d’avion de chasse de 6e génération, un programme conduit depuis maintenant plus de cinq ans. La phase 1B est quant à elle financée depuis l’année dernière.
Ce qui est fortement probable aussi c’est que la pression des gouvernements allemand et français sur leurs grandes entreprises industrielles se fait logiquement de plus en plus intense pour forcer à un accord rapidement, d’autant qu’une nouvelle pression en provenance d’Espagne est aussi inévitable, alors que Madrid a aussi lancé en septembre une étude de concept d’utilisation du SCAF pour ses besoins futurs. Le programme de char de combat de nouvelle génération franco-allemand MGCS est peut-être aussi sur la balance.
Mais soyons très clairs : les F-35 commandés par l’Allemagne ne sont en rien liés aux difficultés rencontrées au niveau de la coopération bilatérale franco-allemande sur le SCAF. Il en sera très vraisemblablement de même pour les désormais très probables F-35 espagnols qui devraient venir remplacer des F-18 Hornet (armée de l’air) et des AV-8B Harrier (Armada) avant la fin de la décennie.
Par contre, un nouveau glissement du calendrier risquerait à coup sûr de favoriser une solution américaine pour un nombre d’appareils encore plus important pour les seuls besoins de l’Allemagne et de l’Espagne, sans oublier que s’ajoutent aussi en face les réelles ambitions du Tempest pour remplacer les Eurofighter du Royaume-Uni et de l’Italie, ce qui remettrait finalement en cause la viabilité et la raison même du développement du SCAF.
Après l’heure ce ne sera évidemment plus l’heure…