Steven Udvar-Hazy a parlé. Celui qui a toujours fait la pluie et le beau temps dans l’industrie aéronautique a officiellement dénigré l’idée d’une remotorisation de l’Airbus A320 et du Boeing 737, estimant qu’elle n’apporterait que des bénéfices limités et des coûts plus importants aux compagnies aériennes.
Selon l’ancien créateur d’ILFC et actuel fondateur et Président d’Air Lease Corporation, une telle remotorisation entraînerait une élévation des coûts pour les propriétaires et les opérateurs des appareils en raison d’un manque de communalité avec les flottes actuelles de monocouloirs. De plus, les appareils seraient lourds, donc moins faciles à rentabiliser, et plus chers à l’achat. Bref, difficile pour lui de voir des bénéfices pour l’industrie, hormis en termes de bruit et d’impact sur l’environnement.
Ces déclarations ont irrité John Leahy, le responsable commercial d’Airbus, qui a rétorqué que « si l’on suivait les conseils des sociétés de leasing, c’est-à-dire « pas de changement », on volerait encore en 727, qui consommerait deux fois plus. » Selon lui, les avionneurs ont le devoir d’améliorer la consommation de leurs appareils. Il a ajouté que la plupart des compagnies étaient intéressées.
Malgré tout, l’avis de Steven Udvar-Hazy rejoint les déclarations du CFO de Boeing, James Bell, au mois d’août. Il avait déclaré qu’une remotorisation du 737 était peu probable, les compagnies semblant dans l’ensemble peu intéressées et les gains potentiels de consommation n’étant pas suffisants.
Malgré les déclarations de John Leahy, Airbus paraît lui aussi de plus en plus hésitant. L’avionneur devait rendre sa décision cette semaine sur l’éventuel A320 NEO mais celle-ci a été repoussée, même si elle doit toujours être officialisée avant la fin de l’année. Tom Enders, son Président, souhaite tout d’abord s’assurer qu’Airbus dispose de ressources suffisantes en ingénierie pour ne pas pénaliser d’autres programmes. Et accessoirement de suffisamment de clients.