Les hélicoptéristes ont particulièrement souffert l’année dernière et tout porte à croire que 2016 pourrait être encore pire. Les contrats enregistrés ces dernières années sont en cours de livraison et la crise du secteur pétrolier et gazier pèsent sur les commandes de nouvelles machines de moyen tonnage.
Airbus Helicopters, le numéro 1 mondial sur le marché civil, a ainsi vu son backlog une nouvelle fois diminué alors que les livraisons atteignent pratiquement les bas niveaux d’il y a dix ans. Son grand concurrent européen AgustaWestland, désormais dénommé Finmeccanica Helicopters, vise pour sa part des résultats en droite ligne avec ceux des deux années précédentes, essentiellement grâce au secteur de la défense.
Le plus impacté par la conjoncture est sans conteste Sikorsky, désormais sous l’ombrelle de Lockheed Martin depuis novembre. Sa gamme civile mise sur des hélicoptères visant particulièrement l’industrie pétrolière et gazière et les ventes ne devraient représenter qu’un quart de la valeur de celles de 2014. Bell a également vu son chiffre d’affaires diminuer de 19% l’année dernière avec des bénéfices en chute de 24%. Les retombées financières liées au succès commercial du Bell 505 n’apparaîtront que l’année prochaine et l’avenir de l’ambitieux Relentless est intimement lié au prix du baril qui sera affiché dans les prochaines années. Quant à Boeing, son activité liée aux hélicoptères est presque totalement portée par la production des Chinook et des Apache, un marché relativement limité même si son récent contrat signé en Inde devrait lui permettre de stabiliser sa production.
La crise du marché pétrolier pousse évidemment tous les hélicoptéristes à se rattraper ailleurs, d’autant que si elle était durable, les reports pourraient se transformer en annulation, avec le risque supplémentaire de voir aussi arriver des machines de seconde main sur un marché déjà sinistré. Transport VIP, mission SAR, MEDEVAC et autres applications paramilitaires sont évidemment devenues les grandes priorités pour l’ensemble des acteurs, avec la volonté de rendre leurs appareils les plus polyvalents possibles.
Mais les contrats militaires seront aussi logiquement de plus en plus disputés, en témoigne le contrat des 50 H225M Caracal d’Airbus Helicopters destinés à la Pologne qui pourrait être annulé dans les toutes prochaines semaines avec le retour d’AgustaWestland et de Sikorsky dans la compétition. Le remplacement d’appareils de fabrication soviétique dans différents pays d’Europe de l’Est est en effet devenu la cible de choix de tous les fabricants d’hélicoptères mondiaux. La recrudescence des tensions au Moyen-Orient ou en mer de Chine sera bien-entendu aussi la source de nouvelles opportunités, et d’affrontements, mais rien n’indique que ces contrats seront signés rapidement.
Reste aux hélicoptéristes le rêve de voir un jour les pressions budgétaires de chacun de leurs pays respectifs s’amoindrir un peu, notamment au regard de la menace terroriste qui pèse aujourd’hui sur l’Europe.
