Après les tragédies, la comédie… La pression des opposants au projet de l’aéroport du Grand Ouest a repris de la vigueur depuis le début de l’année, motivée par la très attendue décision du tribunal de grande instance de Nantes qui vient de statuer aujourd’hui en faveur des expulsions des onze habitations et des quatre exploitations agricoles qui empêchaient encore le démarrage des travaux. Devrait encore s’ensuivre une recrudescence des actions des militants anti-aéroport sur le site de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, toujours dans le but de freiner la construction du nouvel aéroport qui doit remplacer Nantes Atlantique à horizon 2019.
Car l’actuelle plateforme aéroportuaire nantaise est au bord de la saturation dans sa configuration actuelle. Elle vient d’enregistrer une nouvelle hausse de trafic de plus de 5,5% l’année dernière, en phase avec la croissance du transport aérien mondial, atteignant ainsi près de 4,4 millions de passagers. C’est pratiquement deux fois son trafic d’il y a dix ans et quatre fois celui d’il y a vingt ans. Bien sûr, les détracteurs de l’aéroport du Grand Ouest citent l’exemple de celui de Stuttgart, qui avec sa piste unique, dépasse aujourd’hui les 10 millions de passagers annuels. Pourquoi ne pas aller encore plus loin et se référer à l’ancien aéroport Kai Tak de Hong Kong avec ses 29,5 millions de passagers en 1996. Soyons sérieux !
Même avec une profonde refonte des installations, l’ancienne plateforme ne pourra pas être compatible avec l’augmentation de trafic attendue au cours des prochaines décennies. Car l’aéroport de Nantes est aujourd’hui l’un des plus dynamiques de France. Mieux, contrairement à celui de Bordeaux, la configuration des lignes desservies est telle qu’il ne devrait être que modérément touché par l’arrivée de la LGV aux portes de Nantes l’année prochaine. La mise en service de l’aéroport du Grand Ouest permettra ainsi la poursuite de cette croissance, évidemment génératrice d’emplois directs, mais dont les retombées dépasseront aussi le simple secteur du transport aérien.
Pourtant, trois unions syndicales départementales ont pris position la semaine dernière contre le chantier de Notre-Dame-des-Landes, en publiant des revendications communes, souvent à la limite de la condamnation pure et simple de l’économie de marché. La CGT, la FSU et Solidaires de Loire Atlantique rappellent une nouvelle fois le caractère finalement éminemment dogmatique des opposants au nouvel aéroport. Mais la France peut-elle se permettre de sacrifier, encore, l’un de ses rares leviers de croissance sur l’autel de la bien-pensance.
Le projet de l’aéroport du Grand Ouest est annoncé depuis le milieu des années 60, pratiquement au moment où les premiers travaux de construction de l’aéroport de Roissy CDG démarraient. Lui aussi avait connu d’importants mouvements d’opposition lors de sa création, une tendance d’ailleurs toujours d’actualité, en témoigne cette nouvelle étude menée par un collectif de 174 associations il y a quelques jours et qui vise à agir pour la réduction des nuisances du transport aérien en Ile-de-France. Les débats seront sans fin, mais il est vraiment temps d’avancer.

