Le MRJ arrive à un tournant décisif. Alors que le premier prototype s’apprête à réaliser son premier vol, Mitsubishi Aircraft prépare également l’accélération de son programme d’essais et l’augmentation de ses cadences de production. Le tout en réfléchissant à une version allongée de son appareil régional…
Lors d’une présentation au salon du Bourget le 17 juin, les dirigeants de l’avionneur japonais ont fait le point sur l’avancée du programme. Le vol inaugural est toujours maintenu à septembre ou octobre prochain et son imminence explique l’absence de nouvelle commande récemment, selon son président Hiromichi Morimoto : « le développement se déroule normalement mais les clients ont besoin de voir l’avion voler avant de prendre une décision. Je suis certain que les commandes augmenteront après cela. »
Hideyuki Kamiya, directeur marketing de Mitsubishi Aircraft, nous a par ailleurs indiqué que des négociations étaient en cours avec des compagnies européennes : « nous discutons avec plusieurs compagnies et certaines sont très intéressées. » Revenant sur le projet du MRJ100, une version allongée du MRJ90, il a également souligné l’intérêt des compagnies européennes mais aussi latino-américaines. Toutefois, Mitsubishi « attend le bon moment pour le lancer. »
Le ramp-up en préparation
Pour assurer sa production, Mitsubishi Aircraft est actuellement en train de construire une ligne d’assemblage dédiée au MRJ à Nagoya, au Komaki South Plant. Elle devrait être opérationnelle mi-2016. Très automatisée, elle adoptera également le système de la ligne d’assemblage mobile.
Si Mitsubishi Aircraft prévoit de ne livrer qu’un appareil par mois au début de la production, la ligne de Komaki aura une capacité de production de douze MRJ par mois. L’augmentation des cadences est pour le moment limitée à dix avions mensuels, si l’avionneur enregistre « un nombre convenable de commandes. »
Le rôle des Etats-Unis dans les essais
Après le report d’un trimestre du premier vol du MRJ, Mitsubishi Aircraft va accélérer ses essais aux Etats-Unis pour respecter la date de livraison du premier appareil de série au deuxième trimestre 2017, un objectif pour lequel « il ne devrait pas y avoir de problème. » Les quatre premiers prototypes réaliseront une partie de leurs tests au Japon puis partiront, au deuxième trimestre 2016, aux Etats-Unis pour les poursuivre.
Ils seront basés à Moses Lake, près de Seattle. Un centre d’ingénierie sera également ouvert, à Seattle également, qui gèrera le programme d’essais au sol et en vol, analysera les données recueillies et se chargera de trouver des solutions aux éventuels problèmes. Il emploiera 150 personnes, dont une centaine d’ingénieurs américains et une équipe de cinquante ingénieurs japonais. « Nous avons choisi Seattle car c’est un pôle aéronautique majeur et qu’il y a de très bons ingénieurs sur place », explique Hideyuki Kamiya.
Les essais spéciaux sur piste – décollage avorté, essais sur piste détrempée – seront réalisés à Roswell. Les essais par temps chaud et temps froid se dérouleront quant à eux dans le laboratoire McKinley et ceux à haute altitude à Gunnison (près de Denver).
L’intérêt est de se rapprocher des potentiels clients et de faciliter le processus de certification par la FAA. Le marché nord-américain reste en effet le plus important pour les avions régionaux et représente à lui seul 36% de la demande estimée pour les avions de 70 à 100 places.
Le cinquième avion d’essai restera au Japon et portera les couleurs d’ANA, la cliente de lancement. ANA, qui a participé à la définition de l’appareil « à toutes ses étapes ». « Ayant une grande expérience dans le rôle de client de lancement, ANA a fait des suggestions sur le design de l’appareil. Par exemple, ils nous ont conseillé de mettre une porte cargo plus large ou des compartiments bagages plus grands. »
Le MRJ a été commandé à 407 exemplaires (en comptant les options).
Mitsubishi Aircraft présentait de nouveau la maquette de sa cabine au salon du Bourget. Image © Le Journal de l’Aviation – tous droits réservés