Célébrée aujourd’hui, la Journée Internationale de la femme est l’occasion choisie par plusieurs entreprises pour montrer leur engagement pour une meilleure mixité professionnelle. Le secteur aéronautique manque sérieusement de femmes et pour pallier cela les industriels mettent en place de nombreux dispositifs.
Airbus part à la conquête des femmes
Airbus affiche haut et fort son ambition de se féminiser davantage. L’avionneur européen profite de la journée internationale de la femme (le 8 mars) pour annoncer son souhait de recruter 25 % de femmes en 2012, dans le monde. Actuellement, la gent féminine représente 18 % des effectifs d’Airbus dans l’Hexagone. Pour l’année en cours, 4 000 embauches sont prévues en France et à l’international.
À ce jour, Airbus compte une seule femme au sommet d’une usine : Marie-Laure Roux, 54 ans (Photo). Elle est aux commandes du site historique de Toulouse Saint-Eloi, depuis mars 2011. Interrogée par l’AFP, Marie-Laure Roux, ingénieur aéronautique de l’ENSICA de Toulouse, affirme n’être « ni blasée, car consciente de la rareté des femmes au sommet, ni une guerrière en lutte contre le machisme, car elle ne l’a pas ressenti ».
L’avionneur compte d’autres femmes occupant des postes à hautes responsabilités, comme Maria Teresa del Castillo, vice-présidente chargée de la production de composites (manufacturing composites), ou encore, au niveau d’EADS, Pilar Albiac Murillo, vice-présidente chargée de la qualité. Une liste qui reste restreinte comparée à la taille du groupe EADS qui emploie 120 000 personnes à travers le monde (dont 55 000 chez Airbus).
Pénurie de femmes dans l’aéronautique, une réalité alarmante
Cette annonce d’Airbus rappelle à quel point l’industrie aéronautique souffre d’un manque de mixité professionnelle. Conscients de cette réalité, les industriels manifestent de plus en plus leur volonté de recruter des femmes au sein de leur entreprise, à travers des mesures comme la création d’une association féminine.
Ainsi, Airbus a mis en place de nombreux dispositifs pour faciliter l’emploi des femmes. Parmi ces actions, le « mentoring », une forme de coaching par un cadre gestionnaire expérimenté. L’avionneur a aussi créé le réseau actif de femmes, le « Women network » ou encore a noué un partenariat avec le collectif HEC au féminin pour la promotion de l’impact de la mixité sur le management.
Au niveau du groupe EADS, les mesures ne manquent pas non plus. Le groupe projette en effet d’augmenter de 25 % la part des femmes recrutées d’ici à 2020, et de 20 % le nombre de femmes aux postes de cadres. Il faut savoir que le pourcentage de femmes au sein d’EADS a connu une timide évolution au cours des 6 dernières années : de 15,2 % en 2006 il est passé à 16,8 % en 2010. Le groupe européen d’aéronautique et de défense collabore beaucoup avec des réseaux féminins pour l’égalité professionnelle comme Femtec (Allemagne), la Journée des Filles, Elles bougent ou le réseau de femmes d’Airbus. En 2012, EADS a lancé « GROW » (GRowing Opportunities for Women), un programme reposant sur un rassemblement de femmes du groupe pour des séminaires de deux jours suivis de rencontres périodiques.
Le groupe aéronautique français Safran, lui, compte près de 23 % de femmes ingénieurs et cadres dans son effectif total. Le groupe ambitionne d’atteindre la barre des 25 % d’ici un an ou deux. Ces chiffres peuvent sembler faibles, mais comparés à ceux de 2009 (20 %) une petite amélioration est a constatée.
Chez Assystem, bureau d’études européen en aérostructures, 18 % de femmes y travaillent. Les ingénieurs féminins représentent 25 % des recrutements, contre moins de 20 % il y a 2 ans. L’entreprise s’est alliée au Cercle InterElles, organisation féminine qui milite en faveur de l’emploi des femmes dans les filières techniques et scientifiques, à travers son réseau Femmes d’énergie qui regroupe plus de 200 adhérentes.
L’arbre qui cache la forêt
Derrière tous ces engagements ne se cache pas seulement de la bonne volonté. Il s’agit également d’une stratégie de développement pour ces entreprises qui sont conscientes du potentiel des cadres et ingénieurs féminins. Chaque année, environ 20 % des ingénieurs diplômés sont des femmes. Une denrée rare qui suscite des convoitises d’autant plus que l’industrie aéronautique est confrontée à de récurrents problèmes de recrutement.
C’est sans doute parce que la filière aéronautique est réputée comme étant masculine que les femmes n’osent pas suivre des formations pour travailler dans ce secteur. Pour faire évoluer les mentalités, des associations féminines s’attaquent à la racine du mal. C’est le cas de l’association « Elles bougent » qui va à la rencontre des collégiennes et lycéennes pour les sensibiliser aux différents métiers jugés masculins. L’association organise ainsi des journées portes ouvertes pour ces jeunes filles au sein d’entreprises, dont aéronautiques. L’objectif, leur faire découvrir les divers métiers proposés par les sociétés. C’est également une occasion pour ces élèves de rencontrer des femmes salariées dans ces établissements et de s’inspirer de leurs différents parcours professionnels. Le 29 mars prochain par exemple, une visite du site EADS, Airbus basé à Nantes est programmée : présentation du groupe et du site, échanges avec les femmes ingénieures, techniciennes…