C’est en ces termes que Jean-Paul Ebanga avait quelque peu résumé la situation du motoriste franco-américain juste avant l’ouverture du salon du Bourget. L’intense semaine qui a suivi lui a donné raison, CFM International enregistrant des commandes et engagements d’achat pour un total de 835 nouveaux moteurs soit plus du double que le nombre qui avait été enregistré depuis le début de l’année (442 moteurs au 31 mai, majoritairement pour le 737 MAX).
Comme prévu, la famille LEAP, qui propulsera les monocouloirs remotorisés A320neo d’Airbus et 737 MAX de Boeing ainsi que le nouveau moyen-courrier C919 du Chinois Comac, a franchi la barre symbolique des 9000 moteurs commandés durant le salon (plus de 9550) alors que le successeur du CFM56 ne doit entrer en service qu’à partir de l’année prochaine.
Le PDG de CFM International est également revenu sur le programme CFM56 qui continue « très bien » avec un taux d’utilisation moyen dépassant les 9 heures par jour. Jean-Paul Ebanga a également noté le retour de plus d’une centaine d’appareils équipés de CFM56 en service actif depuis le début de l’année. A moyen-terme, le patron du motoriste franco-américain ne s’attend pas à revivre tout de suite une année record comme le fût l’année dernière (4244 nouveaux réacteurs commandés en 2014) même si tout indique que les prochaines années resteront « satisfaisantes ».
Mais les tendances de marché à long terme sont encore meilleures pour la gamme de poussées proposée par la coentreprise de GE et Snecma, Jean-Paul Ebanga tablant désormais sur un potentiel de 45000 moteurs sur 20 ans pour une valeur de quelque 600 milliards de dollars, portée par la croissance du trafic des pays émergents et notamment par la Chine.
Le LEAP est dans les temps et dans les spécifications
François Bastin, le nouveau directeur exécutif de CFM International est revenu sur l’ensemble des essais du programme LEAP qui comprend une soixantaine de réacteurs dont 28 ont déjà été testés. Ils totalisent désormais plus de 4150 heures de fonctionnement et 6325 cycles, aussi bien sur bancs statiques que sur les deux FTB (bancs d’essai volants) 747 aux États-Unis et, depuis le 19 mai, sur le premier A320neo dédié à Toulouse. Celui-ci peut voler jusqu’à deux fois par jour sans aucun problème, s’est réjoui François Bastin, qui annonçait déjà 23 vols et 75 heures de vol à l’ouverture du salon du Bourget.
Le directeur exécutif du motoriste a également annoncé que les LEAP seraient « piles à l’heure, et exactement dans leurs spécifications de performances à leurs entrées en service respectives », voulant ainsi faire taire les rumeurs apparues au printemps sur certains sites spécialisés aux États-Unis.
« Nous ne comprenons pas vraiment d’où sont venues ses rumeurs » a-t-il ajouté, précisant que les moteurs testés n’étaient de toute façon pas dans leur configuration finale au regard des instrumentations nécessaires aux essais. « Nous effectuons beaucoup d’essais liés à la fiabilité, à la mesure de la détérioration des performances dans le temps » précise-t-il.
François Bastin a également indiqué que les sujets abordées avec son homologue Allen Paxson chez GE touchaient beaucoup plus à la problématique du ramp-up, à sa préparation, qu’aux spécifications des moteurs aujourd’hui.
Allen Paxson est notamment revenu sur une anecdote lié aux essais en vol du LEAP-1B sur le FTB cet hiver. Les essais ont conduit le 747 dans des conditions givrantes et les ingénieurs ont du remplacer un certain nombre d’aubes de soufflante qui avaient été endommagées. « Un peu inquiet , j’ai reçu un coup de téléphone d’un des pilotes ; Il fallait en fait remplacer les aubes sur les trois autres réacteurs, celles du LEAP ayant très bien résistées ».