En juillet 2012, Randstad, société d’intérim, lançait la passerelle entre l’automobile et l’aéronautique. Près d’un an après, quel est le bilan ? Entretien avec Laurent Duverger, le responsable des centres experts aéronautiques de Randstad.
« Mitigé ». Tel est le premier bilan de l’action de reconversion professionnelle lancée mi-juillet 2012 par Randstad et permettant à d’anciens salariés de l’automobile, en pleine crise, de se reconvertir dans l’aéronautique, en excellente santé. « Lors du lancement de la passerelle entre l’automobile et l’aéronautique, 500 personnes ont été contactées, des anciens intérimaires en recherche d’emploi. Au final, une vingtaine d’entre eux seulement a accepté de se reconvertir. Nous les avons formés sur des postes de peintre aéronautique, d’ajusteur, de monteur et de câbleur composite », explique Laurent Duverger. « On espérait un flux plus important, compte tenu des forts besoins en recrutement des entreprises aéronautiques », regrette le responsable des centres experts aéronautiques de Randstad.
Sur les 20 personnes recrutées, 3 à 4 ont signé un CDI, les autres ont été embauchées en CDD.
Pour expliquer ce faible résultat, Laurent Duverger évoque deux raisons. La première concerne la mobilité géographique qui représente une contrainte considérable pour les anciens salariés de l’automobile. « Les régions d’implantation des entreprises du secteur de l’automobile ne sont pas les mêmes que celles de l’aéronautique. Alors que les premières se situent dans le nord et l’est, les secondes sont installées en majorité dans le sud et l’ouest de la France. Les salariés contactés nous ont fait part de leurs réticences à déménager dans une autre région, pour des motifs familiaux et économiques. Les prix de l’immobilier sont par exemple plus conséquents à Montpellier qu’à Vesoul… La région parisienne est la seule où les deux secteurs sont présents et c’est justement là que l’on a le plus recruté », précise Laurent Duverger.
La seconde raison est conjoncturelle. « Nous avons rencontré des difficultés à financer les formations. Celles-ci peuvent devenir très coûteuses si par exemple nous ne présentons qu’un seul candidat par ville. Dans ce cas, le prix est difficilement négociable. On n’a jamais pu industrialiser la passerelle », continue Laurent Duverger. D’une durée de 5 à 10 semaines, la formation coûte 10 000 euros par personne. Elle est financée par Randstad et grâce à des subventions publiques.
Malgré ce bilan mitigé, « l’opération continue en 2013 avec un plus gros volume de recrutement prévu et des passerelles plus larges, ouvertes notamment aux salariés issus de l’agroalimentaire », conclut Laurent Duverger.
Des passerelles encouragées par le gouvernement
Fin janvier dernier, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, face à la gravité de la crise qui touche l’industrie automobile française, avait encouragé la création de passerelles entre l’automobile et l’aéronautique.
Ces passerelles sont déjà en marche chez l’équipementier aéronautique français Safran, qui a embauché plus de 100 anciens salariés de PSA Peugeot Citroën. Au total, Safran s’est engagé à recruter 400 anciens employés du deuxième constructeur automobile européen qui va supprimer près de 11 200 postes. Son plan social, « Rebond 2015 », a été validé hier, lundi 29 avril par le comité central d’entreprise (CCE).
De son côté, l’avionneur européen Airbus envisage de reprendre d’anciens salariés issus de l’automobile. Toutefois, seuls les ingénieurs et les techniciens seraient concernés.