L’industrie de défense européenne est en proie à de sérieux problèmes de recrutements au sein des bureaux d’études. Des difficultés directement liées aux réductions des budgets de défense qui n’encouragent pas les jeunes ingénieurs fraîchement diplômés de démarrer leur carrière dans le militaire. Le patron de Dassault, Éric Trappier, est convaincu que cette désaffection peut aussi trouver son explication dans le désintéressement des citoyens aux questions de défense depuis la fin du service national, a-t-il indiqué devant la commission de la Défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale sur la Loi de programmation militaire (LPM), le 27 septembre dernier.
« Il devient de plus en plus difficile de convaincre les jeunes diplômés d’intégrer une entreprise de défense », a indiqué pour sa part Tom Enders, le PDG d’EADS, lors d’une conférence organisée par l’European American Press Club à Paris le 26 septembre. Une observation partagée par Éric Trappier : « Il y a une dizaine d’années, le militaire attirait encore les meilleures compétences. Aujourd’hui, les jeunes qui entrent dans l’industrie [aéronautique, ndlr] préfèrent le civil où de nouveaux programmes sont lancés tous les jours. »
Cette situation risque d’impacter sur le développement de futures technologies et donc sur la compétitivité de cette industrie en Europe. « Dans le domaine de la défense, l’action volontariste de l’État a permis de faire émerger une industrie de premier plan qui permet à la France de maîtriser les technologies de pointe, dont plusieurs participent au succès de l’aéronautique civil. Une forte réduction des investissements de défense interromprait cette dynamique vertueuse avec des pertes technologiques irrémédiables », prévient le GIFAS.
Toutefois, les grands groupes, à l’image d’EADS et Dassault, qui détiennent des activités civiles, sont relativement épargnés puisqu’il existe des migrations internes entre les deux activités. Pour Tom Enders « Les jeunes diplômés préfèrent aujourd’hui s’orienter vers les avions commerciaux (…). Les entreprises intégralement tournées vers la défense ont un sérieux problème à résoudre ». 80% des activités du groupe aéronautique européen sont tournées vers le civil. Chez Dassault, la situation est comparable, même si les activités civiles (Falcon) sont légèrement moins importantes (71% en 2012).