C’est un véritable retour en force du modèle low-cost long-courrier qui commence à se dessiner dans le contexte post-pandémique, avec cette forte demande liée aux voyages de vengeance. Depuis quelques semaines, les prix des billets d’avion sur le long-courrier atteignent des sommets aux quatre coins du globe, une tendance favorisée par des taux de remplissage très élevés, des capacités moindres, des possibilités de correspondances réduites par une demande très forte sur le point-à-point et bien sûr par la forte volatilité du carburant.
Les compagnies low-cost spécialisées sur le long-courrier profitent évidemment de la situation actuelle, même si elles sont aussi les premières victimes du haut niveau du cours du carburant (plus de 1100 dollars la tonne), celui-ci représentant une part plus importante dans leur structure des coûts que pour les compagnies aériennes traditionnelles. Une compagnie comme JetBlue en arrive même à proposer des tarifs comparables à ceux pratiqués par ses rivales traditionnelles sur la liaison transatlantique reliant New York et Londres, en classe économique comme en classe affaires, un signe particulièrement éloquent quand on sait qu’il faudra aussi probablement y ajouter quelques « ancillary services ».
Mais si les compagnies low-cost long-courrier tirent aujourd’hui leur épingle du jeu, les choses pourraient ne pas être si temporaires que ça. Car si cette véritable ruée vers le voyage constatée actuellement va finir par se tasser après l’été, rien ne semble encore à ce jour indiquer que l’on se dirige vers un retour des prix des billets d’avion pratiqués avant la pandémie. Les capacités des transporteurs prendront encore quelques années à se reconstituer pleinement et la pression sur les coûts des personnels des compagnies aériennes et des aéroports sont déjà bien là.
Évidemment, le modèle du low-cost long-courrier a déjà été vendu comme le nouvel eldorado par le passé, ce qui ne l’a pas empêché de connaître bien des péripéties avant même le déclenchement de la pandémie. On se souviendra ainsi encore longtemps des débâcles de Norwegian Long Haul, WOW Air ou encore Primera Air entre 2018 et 2020.
Mais le probable retour d’une compagnie comme AirAsia X en Europe, sa troisième tentative, est un signe d’optimisme qu’il faudra suivre, tout comme la pérennité des récents développements du réseau de la compagnie French bee aux États-Unis (San Francisco, New York, Los Angeles et bientôt Miami).
Finalement, après avoir été considéré comme un simple marché de niche, voire comme une voie directe vers la faillite, le low-cost long-courrier va peut-être enfin connaître son véritable essor.

