C’est le sens de l’histoire. Il est désormais établi que les drones de combat (UCAV) prendront progressivement la place des avions de chasse pilotés dans la seconde partie de ce siècle, tout au moins dans les pays disposants des ressources et des technologies suffisantes.
Les récents accords franco-britanniques signés à Amiens, dans la logique de ceux de Lancaster House, et qui visent à développer un démonstrateur de drone de combat pleinement opérationnel à l’horizon 2025, est évidemment un grand pas dans la bonne direction, notamment pour rattraper le retard grandissant de l’Europe face aux États-Unis dans ce domaine, moyens alloués obligent.
Capitalisant sur les succès des programmes nEUROn et Taranis menés de chaque côté de la Manche ces dernières années, le futur démonstrateur de drone de combat franco-britannique permettra de définir les besoins, « en mettant dans la boucle nos armées », comme le soulignait le PDG de Dassault Aviation Éric Trappier la semaine dernière, ainsi que les technologies nécessaires au lancement d’un UCAV qui pourrait venir compléter les capacités des Rafale en France, ainsi que des Eurofighter et JSF au Royaume-Uni après 2030.
Pourtant, même de l’autre côté de l’Atlantique, les rôles qui seront attribués aux UCAV sont encore loin d’être pleinement définis. Le programme UCLASS (Unmanned Carrier-Launched Airborne Surveillance and Strike), prenant aujourd’hui la forme du démonstrateur X-47B de Northrop Grumman est, semble-t-il, véritablement « parti en vrille » ces tout derniers mois, au regard des spécifications définies dans son cahier des charges. Le futur drone de combat embarqué américain est actuellement en train de se transformer en avion ravitailleur doté de faibles capacités ISR, ne remplaçant finalement que très partiellement le rôle aujourd’hui alloué aux F/A-18 Hornet, et qui devrait donc finalement se traduire par l’acquisition de F-35C supplémentaires.
S’il semble aujourd’hui inconcevable de prédire ce que sera l’aviation de chasse à la fin du siècle, les interactions prochaines entre les pilotes présents à bord et ceux qui viendront les accompagner depuis le sol, avec un degré d’autonomie qui ne cessera de croître, auront un rôle essentiel dans la définition des programmes de remplacement des appareils de combats mis en service actuellement.
Les pilotes de chasse sont désormais définitivement liés à l’arrivée prochaine des démonstrateurs d’UCAV à leur côté, mais tout porte à croire qu’ils continueront finalement à avoir une place plus que centrale dans l’avenir des drones de combats.