Malgré son dynamisme, l’industrie aéronautique peine à recruter des personnels qualifiés. L’offre est plus importante que la demande. Laurent Duverger, manager du centre expert aéronautique de Randstad, revient sur ce paradoxe. Entretien.
(Le Journal de l’Aviation) – De combien de centres de recrutement Randstad destinés au secteur aéronautique disposez-vous en France ?
(Laurent Duverger). À ce jour, nous comptons 10 unités dans l’Hexagone, dont la dernière en date est implantée à Montoir, près de l’usine Airbus. Ouvertes au sein d’agences Randstad classiques, ces unités sont gérées par 2 à 3 spécialistes qui, avant leur prise de fonction, suivent une formation théorique et pratique. La partie pratique de cette formation se déroule dans un centre de formation aéronautique et est complétée par des études de poste au sein des usines de fabrication de nos clients (les constructeurs et leurs sous-traitants). Cette immersion au cœur des activités de l’usine permet à nos consultants de maîtriser le cycle de fabrication de l’avion et le langage très technique du secteur, pour une meilleure anticipation des besoins des clients et des candidats.
Quels sont les profils les plus recherchés ?
Nous recrutons des personnes en CDI, CDD et en intérim dans quatre typologies d’organisation : la fabrication de sous-ensembles et le montage d’aéronefs, ainsi que la méthode et le contrôle qualité. Nous embauchons des ajusteurs-monteurs, câbleurs, monteurs-câbleurs, chaudronniers aéronautiques, mécaniciens, usineurs, opérateurs commandes numériques, préparateurs techniques d’industrialisation, etc. Nous notons une féminisation des candidatures pour ces postes-là, une spécificité intéressante dans l’aéronautique.
Par ailleurs, le niveau de qualification des candidats va du CAP au BTS (ou l’équivalent dans des formations professionnelles du type AFPA [association nationale pour la formation professionnelle des adultes]).
Les entreprises du secteur rencontrent-elles des difficultés pour trouver ces profils?
Dans le secteur de l’aéronautique, les industriels et les PME font face à de sérieux problèmes de recrutement dans les fonctions techniques. Il faut savoir que l’offre est plus forte que la demande. Cette réalité a deux causes principales : premièrement, il existe un décalage entre l’offre de formation et les évolutions technologiques. Je pense par exemple aux matériaux composites qui remplacent peu à peu l’aluminium dans la conception des avions et dont peu d’écoles proposent à ce jour une formation. Enfin, la formation de la main d’œuvre prend du temps et, du coup, peine à suivre le rythme des cadences de production, qui va en s’accélérant du fait de la forte croissance mondiale du trafic aérien.
Comment pallier à ces difficultés de recrutement ?
Pour faire face à la pénurie de candidats qualifiés, il faut que les gens s’intéressent à l’aéronautique qui est un secteur qui offre beaucoup de possibilités. Pour ce faire, nous avons noué des partenariats avec l’armée de l’air et la Marine nationale dans le cadre de reconversions professionnelles, les écoles de formation, les missions locales et Pôle emploi. Le partenariat avec Pôle emploi porte sur la recherche de candidats appuyée par des outils spécifiques comme la MRS (Méthode de Recrutement par Simulation) et l’AFPR (Allocation de Formation Préalable au Recrutement), par exemple. De plus, les conseils régionaux nous soutiennent également à travers des cofinancements.
Quelles sont les régions où les besoins sont les plus importants ?
Très naturellement, l’offre est plus conséquente dans les régions réputées « aéronautiques ». Je pense bien évidemment au Sud-Ouest (Airbus à Toulouse, Tarmac Aerosave à Tarbes, Dassault à Marignane, etc.), à l’Ouest (axe Saint-Nazaire – Nantes), la Picardie, ou encore à l’Auvergne…
Quelles sont vos perspectives de développement pour les années à venir ?
Nos perspectives sont celles d’une croissance soutenue avec une progression à deux chiffres. En 2011, nos recrutements dans l’aéronautique ont augmenté de plus de 20 %. Cette hausse aurait été encore plus significative si nous n’avions pas rencontré autant de difficultés de recrutement. En France, environ 13 000 emplois ont été créés dans le secteur aéronautique, chez les constructeurs et leurs sous-traitants. 2012 conforte la progression enregistrée l’année dernière. Nous avons actuellement plusieurs centaines de postes à pourvoir immédiatement. Si l’embellie dans l’aéronautique se confirme et sans crise géopolitique majeure, ce secteur va continuer à recruter pour les cinq à dix années à venir.
Plus d’informations sur le Groupe Randstad : www.randstad.fr