À notre grande surprise, Florence Parly a récemment révélé au grand public l’existence d’une tentative d’espionnage du satellite militaire Athena-Fidus par la Russie au cours de l’année dernière. Le satellite Loutch (Olimp-K) se serait en effet rapproché un peu trop près du satellite franco-italien afin d’intercepter ses communications.
Avec cette annonce, la ministre française des Armées a assurément voulu frapper un grand coup en insistant sur le fait que la France, pourtant en pointe dans le domaine spatial, n’était tout simplement pas protégée contre ce type de menaces. La récente loi de programmation militaire 2019-2025 consacre pourtant 3,6 milliards d’euros au renouvellement de la capacité des satellites de défense français, et l’on peut déjà penser qu’elle sera mieux protégée qu’aujourd’hui, mais aucune stratégie n’est pour l’instant définie contre un risque qui devient de plus en plus présent et alors que le champ de bataille devient quant à lui parallèlement de plus en plus numérique.
Les principales grandes puissances, alliées ou potentiellement hostiles, ont en effet beaucoup investi ces dernières années dans des moyens spatiaux plus agressifs, dotés de brouilleurs divers et d’une grande manoeuvrabilité. Il n’est par exemple plus rare de voir certains satellites classifiés disparaître après quelques manoeuvres orbitales. Que dire du programme de navette réutilisable X-37B de l’US Air Force ? Que penser des manoeuvres du satellite chinois SY-7 ?
C’est d’ailleurs dans ce sens que les États-Unis ont annoncé cet été la création de leur « Force de l’espace », un corps d’armée à part entière qui ne dépendrait donc plus de l’US Air Force et qui s’oriente clairement contre les moyens spatiaux développés par la Russie et la Chine aujourd’hui.
Évidemment, le renseignement n’est pas en soi une pratique hostile. Il est en revanche un véritable devoir de s’assurer de ne pas être épié, que ce soit par les murs d’une ambassade ou par des moyens spatiaux en prise avec nos satellites militaires. Mais si nous ne pouvons réellement reprocher à une grande puissance comme la Russie de nous espionner, elle vient peut-être d’offrir une nouvelle capacité de défense à la France. Et c’est bien là le principal.
