Pour présenter le métier d’agent de piste et mettre en évidence les évolutions qu’il a connues ces dernières années, nous avons rencontré Virginie Briche, agent de piste à Roissy-Charles de Gaulle. Témoignage.
Salariée au sein de la société d’assistance en escale Alyzia sur l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, Virginie Briche est agent de piste. Un métier qu’elle a découvert « par hasard » en 2008 lorsqu’elle recherchait une formation professionnalisante auprès du pôle emploi. « Lorsque ma conseillère m’a parlé de ce métier, je me suis dit pourquoi pas », se souvient-elle.
Avant de rejoindre le secteur aéroportuaire, Virginie a occupé de nombreux « petits boulots », après avoir tenté sa chance à l’étranger.
Un métier qui a beaucoup évolué
Traditionnellement, l’agent de piste assure l’ensemble des opérations de piste : placement des avions et des rampes, chargement et déchargement des bagages et des colis pour le fret, guide le pilote à l’aide d’un casque ou de balises, tractage de l’avion… Il gère également le matériel d’assistance aéroportuaire et coordonne la circulation autour de l’appareil.
Aujourd’hui, le métier a considérablement changé. Plus polyvalent, il offre de meilleures perspectives de carrière. « Avant, il y avait beaucoup de sectorisations avec une évolution professionnelle assez longue », témoigne Virginie Briche. Et de continuer : « avec l’évolution de la fonction, on peut désormais aussi bien charger et décharger les soutes que dégivrer les pistes en hiver. Cette polyvalence, que j’ai acquise en interne à travers des formations, permet de sortir de la routine. Ça compte énormément dans la motivation ! »
Le métier
Recrutement Compétences Formation Contraintes |
L’informatisation des systèmes de communication (aide au stationnement automatique…) et des procédures (traçage électronique des bagages…) peut notamment expliquer l’évolution du métier d’agent de piste. Avec tous ces changements, le métier ne risque-t-il pas de disparaître ? Non, d’après Virginie Briche qui explique que tout le monde trouve son compte dans cette transformation. « Le salarié gagne en qualification, et augmente ainsi son employabilité, et l’employeur réalise des économies sur les frais liés au personnel ». Seul point négatif, la baisse des embauches sur cette fonction. Chez Alyzia par exemple, l’entreprise n’a pas recruté d’agents de piste depuis longtemps. Virginie remarque plutôt de forts mouvements « internes », c’est-à-dire des salariés qui passent d’une entreprise de sous-traitance à une autre (souvent après un rachat).
Les contrats proposés sont généralement des CDD et des CDI. « L’appel à des intérimaires n’est pas fréquent dans notre métier, car souvent ce sont des personnes non qualifiées. Par conséquent, nous perdons beaucoup de temps à leur expliquer les procédures qui doivent être respectées à la lettre. Néanmoins depuis peu, un système de formation à travers notamment la GPEC, gestion prévisionnelle de l’emploi et des compétences, a été mis en place », explique Virginie.
Par ailleurs, de nombreux autres métiers aéroportuaires connaissent des évolutions. C’est notamment le cas de l’agent d’escale commercial qui est peu à peu remplacé au niveau de l’enregistrement par des bornes automatiques. L’agent de trafic, lui, commence à disparaître en devenant plus polyvalent. Chez Air France, par exemple, le métier, qui a été tronqué en deux, n’existe plus. « Avec la centralisation des données, l’agent de trafic n’effectue plus la documentation de masse et centrage dans bon nombre de compagnies aériennes. Le métier est beaucoup plus polyvalent avec l’apparition de nouvelles techniques », explique Catherine Joudiou, directrice de l’association Airemploi espace orientation.
Un métier en manque de femmes
Les premiers pas de Virginie Briche dans le monde de la piste n’ont pas été faciles, pour la simple raison qu’elle est une femme. Sur les 150 salariés que compte Alyzia, elle est la seule femme. « Dans ce monde masculin, les femmes doivent prouver quotidiennement qu’elles sont à leur place. Pour se faire respecter, il faut avoir du caractère, du répondant », confie-t-elle. « Au début j’ai eu droit à des remarques assez dures. J’ai dû me battre deux fois plus que les hommes pour prouver non seulement à mon employeur, mais aussi à mes collègues masculins que j’avais, tout comme eux, toute ma place dans ce milieu professionnel. »
Aujourd’hui Virginie est entièrement intégrée au sein de l’équipe et ne changerait de métier pour rien au monde. Celle que l’on n’acceptait pas sur la piste à ses débuts manipule aujourd’hui des engins pour dégivrer les pistes en hiver, sous les regards étonnés d’hommes, notamment des pilotes de ligne. Cette situation aujourd’hui l’amuse plus qu’elle ne l’embarrasse.
La FNAM encourage la féminisation des métiers de l’assistance en escale
Le 10 juin 2014, la FNAM et Airemploi ont décoré les deux meilleures réalisations dans deux catégories. Ainsi, dans la catégorie « Scolaires », ce sont les élèves du lycée Léonard de Vinci de Tremblay qui sont arrivés en tête avec leur affiche intitulée « La mixité : des elles pour mieux s’envoler vers des ils ». Dans la catégorie « Jeunes », les jeunes du Parcours d’Accès à l’Apprentissage 13 (PAA13), membres de l’association Jeremy, ont été récompensés pour leur vidéo. |