Le futur radar qui équipera les Atlantique 2 rénovés de la Marine nationale a été présenté ce 28 octobre par Thales à l’occasion du salon Euronaval. Baptisé Searchmaster, ce radar de surveillance aéroportée doté d’une antenne AESA sera capable, selon l’équipementier, de remplir un large panel de missions dans le domaine de la surveillance maritime et terrestre.
Lutte antisurface, lutte anti-sous-marine, surveillance maritime et terrestre et soutien tactique aéroporté, le radar « cinq en un » permettra d’améliorer les capacités de détection et de surveillance des Atlantique 2 qui seront rétrofités. Les « frégates du ciel », qui effectuent aussi bien des missions au-dessus de la mer que des missions de surveillance terrestre, gagneront en efficacité et en précision. « En vol, on peut basculer d’un type de mission à une autre, c’est une de ses grandes forces », précise Pierrick Lerey, directeur de la stratégie pour les activités ISR chez Thales. D’une mission de surveillance maritime, l’avion peut passer en mode surveillance au sol, puis suivre des véhicules terrestres et faire de l’imagerie radar, pour poursuivre sur du support aérien, le tout « dans la continuité de la mission».
Le Searchmaster est doté de la technologie à antenne active et à balayage électronique (AESA), déjà utilisée par les derniers Rafale livrés et dotés du radar RBE2 AESA. D’un poids de 77 kg, il possède une portée maximale de 200nm et peut intégrer un IFF (en option). Le radar peut être intégré selon les besoins soit dans le nez de l’appareil – typiquement dans le cas des hélicoptères – soit sous son ventre. Il est également capable de couvrir simultanément de courtes et longues distances, possédant une capacité de balayage électronique vertical et une couverture à 360°, garantissant une détection « dans des conditions d’environnement extrêmes ».
L’équipementier précise qu’il peut être intégré à tout type de plateforme aéroportée, du drone MALE aux hélicoptères moyens/lourds, en passant par les avions à réaction ou turbopropulsés et même les ballons. « Le Searchmaster peut tout à fait être intégré à un Dash 8 ou un CN295, ce qui confère à ces avions une dimension multimissions tout à fait intéressante », selon Pierrick Lerey.
« Il s’agissait avant tout de traiter les obsolescences de l’Atlantique 2, mais aussi de présenter un produit qui ne nécessiterait pas de nouvelles contraintes aérodynamiques, tout en gardant le radôme actuel», explique Pierrick Lerey. Un système « plug and play » pour gagner du temps et minimiser les coûts d’intégration.
Du côté de la DGA, on parle d’un « besoin évident compte-tenu des exigences de la Marine nationale en termes d’évolution de la menace et du contexte d’utilisation », en matière de détection de petites cibles en forte mer et en zone côtière. « Le choix est apparu comme une évidence », notamment au vu du gain de fiabilité et de la baisse des coûts de maintenance.
Le programme a été développé en partenariat avec la Direction générale de l’armement (DGA) dans le cadre de plusieurs programmes d’études amont. Un travail qui a débuté en 2010 et qui a été partagé à parts égales entre Thales et la DGA, selon un cahier des charges clairement orienté vers le remplacement du radar Iguane actuellement intégré aux ATL2. La DGA est devenue de facto le premier client de ce radar nouvelle génération. Une commande de quinze exemplaires (douze exemplaires fermes et trois en option) a été passée et intégrée au programme de modernisation des ATL 2 annoncée en octobre 2013. Motus et bouche cousue sur le prix d’un tel équipement, qui se situe « dans les prix du marché », précise Thales.
Si l’équipementier ne compte pour l’instant qu’un seul client pour le Searchmaster, des prospects « très avancés » à l’étranger devraient permettre à l’équipementier d’exporter son nouveau radar assez rapidement. Moyen-Orient, Eurasie, les premiers contrats pourraient être signés et annoncés d’ici la fin de l’année 2014. « Ça intéresse aussi bien des gens qui vont s’équiper de tous nouveaux porteurs mais aussi pour toute la base installée », c’est-à-dire pour des chantiers de rétrofit d’aéronefs déjà utilisés en opérations de surveillance maritime et terrestre. Des perspectives dans le militaire donc, mais également le paramilitaire/la sécurité intérieure, que ce soit pour les garde-côtes ou la surveillance de frontières. La caractéristique « ITAR-free » du Searchmaster devrait de plus faciliter les ventes export.
Le premier radar volera en 2016, et sera donc complètement intégré au premier Atlantique 2 rénové qui sera livré en 2018. Thales se dit prêt à proposer la version export dès 2017.