Airbus a beau être une entreprise plutôt rentable, elle n’a plus l’heur de satisfaire BAE Systems. Le groupe aéronautique britannique a décidé de vendre les 20% qu’il détenait au capital du constructeur européen le 7 avril. L’annonce planait depuis quelques temps mais les négociations avec EADS, qui possède les 80% restant, viennent tout juste d’être entamées, après que le conseil d’administration de BAE Systems a unanimement approuvé l’idée.
Le groupe britannique souhaite donc se défaire de sa participation dans le constructeur européen. Il compte investir les fonds ainsi libérés dans ses activités stratégiques d’aéronautique et de défense aux Etats-Unis. Le domaine militaire est en effet la spécialité et la priorité de BAE, les USA représentant le plus grand marché mondial et l’un des principaux clients du groupe. Son engagement est par exemple éloquemment illustré par l’acquisition de United Defense Industries l’année dernière.
Si les discussions n’en sont encore qu’au stade embryonnaire, elles n’ont pas manqué de susciter des réactions. A la Bourse de Londres tout d’abord où le titre a chuté dès l’ouverture. Auprès des syndicats ensuite, qui craignent pour les emplois des 13.000 personnes travaillant pour Airbus au Royaume-Uni. GMB a ainsi immédiatement appelé le gouvernement à bloquer le processus.
Deux usines du constructeur européen sont en effet installées en Grande-Bretagne, l’une à Broughton, dans le Pays de Galles, et l’autre à Filton, près de Bristol en Angleterre. Ces deux entités sont chargées de la construction des ailes des appareils, dont celles de l’A380. Malgré l’assurance de BAE que cela ne changerait rien pour les salariés d’Airbus, ceux-ci craignent à présent qu’elles soient délocalisées vers les pays dans lesquels EADS a ses bases, c’est-à-dire la France, l’Allemagne et l’Espagne.
Cette semaine, EADS a eu une vie mouvementée financièrement parlant. Après avoir été mise à la porte de l’accord entre Alcatel et Thalès sur le transfert des activités Satellites du premier au second, le groupe américain DaimlerChrysler et le français Lagardère ont décidé de réduire chacun de 7,5% leur part dans le groupe aéronautique européen. L’acquisition du reste des actions d’Airbus achèverait de métamorphoser la structure de son capital.