L’annonce de la concrétisation du projet Sunrise de Qantas, qui va bientôt permettre à la compagnie aérienne australienne de proposer les plus longs vols commerciaux au monde, est une vraie bonne nouvelle pour l’aviation mondiale.
Car c’est tout d’abord une véritable preuve de confiance dans la reprise du transport aérien sur le long terme, en particulier sur les vols intercontinentaux, un secteur qui on le sait a été la principale victime des restrictions de voyage depuis le début de la pandémie.
Comme le décrivait si bien Christian Scherer, le directeur commercial d’Airbus, « les gens se remettront à voyager et ils le feront avec vengeance », une tendance d’ailleurs présente en Australie depuis quelque temps. L’explosion des réservations sur certaines liaisons est clairement déjà de mise, en particulier à destination de l’Europe et des États-Unis, avec des tarifs qui atteignent même des sommets. Le pays-continent a été fermé pendant presque deux ans et ça se ressent.
C’est aussi un nouveau grand succès pour la famille d’avions long-courriers de nouvelle génération d’Airbus, alors même que le programme 777X de Boeing vient parallèlement de prendre encore au minimum un an de retard supplémentaire (cinq ans au total) et voit potentiellement en danger une cinquantaine d’avions de son carnet de commandes. L’A350-1000 pourra assurer sans escale et de façon rentable la plus célèbre des lignes de la « Route Kangourou », c’est-à-dire la liaison Sydney-Londres (plus de 17 000 km, jusqu’à 21 heures de vol). Airbus et son A350-900ULR (et avant lui son A340-500) détenaient déjà le record du vol commercial régulier le plus long, grâce à Singapore Airlines et sa liaison régulière sans escale entre Changi et Newark.
C’est encore une véritable prouesse technologique, car avec le projet Sunrise, aucun autre avion commercial, ni même aucun jet d’affaires, n’a à ce jour affiché officiellement une telle distance franchissable avec une charge réaliste. Toutes les liaisons de la planète pourront potentiellement être assurées sans escale intermédiaire, tout du moins entre des grands pôles économiques et financiers situées aux antipodes.
Bien sûr, de nouvelles modifications vont devoir être apportées à l’A350-1000 pour le doter d’un rayon d’action de 18 000 km, en augmentant sa capacité carburant.
Mais avec des vols d’une durée de 20 heures, on comprend vite que la distance n’est plus la limite.
Car les passagers et les équipages devront pouvoir résister à ces temps de vol record, et les premières esquisses de la cabine dévoilée par Qantas montrent qu’un nouveau palier en termes d’aménagement va sans doute être franchi, comme lors de l’arrivée de l’A380 il y a quinze ans. Évidemment, la très grande majorité des passagers fera encore pendant longtemps une escale intermédiaire en Asie ou au Moyen-Orient, ce qui ne sera vraiment pas pour déplaire à ceux coincés au fond des classes économiques. Quant aux pilotes, c’est aussi peut-être là que les choses vont encore progresser au niveau des automatismes du cockpit, à l’instar des promesses du programme Project Connect d’Airbus qui vise spécifiquement l’A350 et qui pourra permettre de voler avec un seul pilote dans le poste durant la phase de croisière à partir du milieu de la décennie.
Finalement, avec les Airbus A350 du projet Sunrise de Qantas, le secteur de l’aviation montre encore une nouvelle fois qu’en plus d’être toujours porteur d’innovations, il reste indispensable au fonctionnement du monde et à la réduction des distances depuis plus d’un siècle.