« Industries de Défense, défense de l’industrie », c’est par ces mots que débute la lettre commune de 7 grands industriels français, diffusée après la réunion qui a eu lieu le 15 avril avec François Hollande, en présence du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian. Dassault Aviation, DCNS, EADS, MBDA, Nexter, Safran et Thales ont été reçus hier à l’Elysée pour une séance de discussions avec le président de la République.
Les 7 industriels ont rappelé que l’industrie de Défense était nécessaire à la France, et notamment grâce à sa compétitivité. Troisième secteur industriel avec un chiffre d’affaires de 17,5 milliards d’euros et une balance commerciale positive de 2,7 milliards d’euros pour l’année 2012, l’industrie de Défense fait « davantage partie de la solution que du problème ». Côté RH, ce sont 165 000 emplois directs à forte valeur ajoutée des grandes entreprises et des ETI, PME et PMI qui sont « peut délocalisables » et qu’il s’agit donc de préserver. Pour les industriels, la Défense représente également « une locomotive pour la recherche française », notamment par le développement de technologies duales, mais également par sa présence dans l’activité des centres de recherches, des pôles de compétitivité et des universités.
Cependant, les 7 industriels tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme et avertissent des dangers que représenterait une baisse des budgets du ministère de la Défense par rapport aux entreprises concernées. En effet, les industriels ont besoin de commandes de l’Etat : « notre industrie repose largement sur un socle d’investissement nationaux, sans lesquels elle serait incapable d’amortir les très lourdes charges de R&D et donc d’assurer la viabilité économique de ses programmes et de ses sites ». Le risque est double : Suppressions d’emploi et fermetures d’entreprises sous-traitantes, mais surtout perte de compétences dans certaines technologies-clés, indispensables au maintien de la France dans le « club restreint de puissances de premier rang à l’échelle mondiale ». Les industriels mettent en garde contre le risque d’un « décrochage technologique irréversible ».
Cette perte de compétence se joue également sur les exportations, qui représentent 30 à 40% de l’activité de l’industrie de Défense, selon la lettre. Les ventes à l’étranger s’accompagnant d’offsets, les industriels se doivent de maintenir une avance technologique, afin de s’armer contre la concurrence étrangère. De plus, la commande publique représentant un « gage de crédibilité » concernant les matériels utilisés par l’armée française, les équipements « combat proven » bénéficient aussi à la compétitivité à l’exportation.
Le constat est une fois de plus présenté : la baisse des budgets de Défense en Europe oblige à aller chercher des exportations dans les pays émergents, qui deviennent eux-mêmes des concurrents. Et la baisse des crédits des États-Unis influe sur l’agressivité des industriels américains, déjà très présents à l’international.
Les besoins des 7 industries de Défense se situent sur 3 plans : le maintien d’un haut niveau de R&T, le maintien des commandes d’État et la nécessité absolue de coopérer à l’échelle européenne, les industriels assurant que « la coopération sur les programmes inéluctables ».
De son côté, l’Elysée a rappelé dans un communiqué que l’industrie de Défense était « une composante majeure de notre autonomie stratégique » et était un élément important de l’économie française. La perspective européenne a également été évoquée, afin de « renforcer » sa BITD (base industrielle et technologique de Défense). Des décisions devraient être prises lors du prochain Conseil européen, qui se tiendra en décembre prochain.
Reste maintenant à attendre – encore un peu plus longtemps – la publication du Livre Blanc, qui est attendue pour fin avril, début mai, selon les Echos.