Selon la BBC, le ministère britannique de la Défense aurait payé des milliards de livres en trop pour ses nouveaux ravitailleurs Voyager (A330 MRTT). Selon différents contrats auxquels BBC a pu avoir accès, les 14 avions auraient pu être achetés pour 50 millions de livres pièce, au lieu des 150 millions du contrat passé avec AirTanker. Le ministre de la Défense Philip Hammond a défendu ce contrat, mais a annoncé qu’il regarderait les détails du contrat avec précision pour s’en assurer le bien-fondé.
En 2008, le contrat FSTA (Future Strategic Tanker Aircraft) avait été attribué à AirTanker, un consortium composé des industriels Babcock, Cobham, EADS, Rolls-Royce et Thales. Il s’agissait de fournir à la RAF une capacité de transport et de ravitaillement en vol pour une période de 27 ans. Le coût de chaque avion est évalué à 750 millions de livres jusqu’en 2035, pour un coût total de près de 10 milliards de livres. C’est le plus gros partenariat public-privé signé par le gouvernement, malgré les avertissements de militaires haut gradés et certaines personnalités politiques. L’avionneur Airbus Military doit livrer au total 14 A330-200 reconfigurés à AirTanker, qui en assurera l’opérabilité ainsi que la maintenance pour le compte du ministère de la Défense.
AirTanker annonce que le prix de chaque Voyager est de 152 millions de livres, mais un expert de l’Aviation Valuation Company contacté par la BBC contredit ce prix, disant qu’il aurait pu être d’environ 40 millions, au vu de la quantité d’avions commandés (14 au total). Selon un expert du ravitaillement en vol cité par la BBC, le coût de la conversion devrait être de 10 millions, ce que contredit AirTanker. Au final, le ministère de la Défense aurait payé près de deux tiers de trop.
Dans les colonnes du Telegraph, un porte-parole d’AirTanker a rejeté les chiffres avancés par BBC Newsnight, arguant du fait que les calculs ne prenaient pas en compte toutes les opérations nécessaires pour assurer la conformité de l’avion aux spécificités militaires.
La présidente du comité des finances publiques Margaret Hodge a réagi en souhaitant que l’office national d’audit, indépendant du gouvernement, se penche à nouveau sur ce dossier épineux. En effet, un rapport de mars 2010 avait pointé du doigt l’absence de négociations sur le prix de la part du ministère de la Défense, qui avait du coup trop payé pour ce contrat.