Plus de quatre ans après le début d’une importante crise économique mondiale liée à la pandémie, le grand salon aéronautique international de Farnborough va ouvrir ses portes la semaine prochaine dans un contexte assez particulier.
Bien sûr, la reprise du trafic aérien aux quatre coins du monde devrait une nouvelle fois rendre impératives les prises de commandes d’avions commerciaux auprès d’Airbus et Boeing, avec des créneaux de livraisons qui continueront à glisser vers la première moitié de la prochaine décennie en ce qui concerne les monocouloirs. Pour les gros-porteurs, le salon britannique pourrait surtout confirmer la forte reprise constatée sur ce segment depuis dix-huit mois, en particulier en Asie, au Moyen-Orient et au Proche-Orient.
La société de conseil britannique IBA prédit d’ailleurs des commandes ou engagements pour un millier d’appareils durant le salon, de quoi prolonger d’au moins une année la visibilité à long terme des deux grands avionneurs. Mais, cette édition de Farnborough ne sera pas vraiment à la fête sur le fond des dossiers, avec encore une fois des motoristes et des équipementiers qui devront rassurer le secteur sur leur capacité à fournir, aussi bien en première monte que sur le plan de la maintenance.
Boeing fera pour sa part une nouvelle fois le dos rond durant un grand salon mondial, assurant le strict minimum et ne présentant aucun de ses avions commerciaux directement. L’avionneur américain reste englué dans ses problèmes de production et de certification, et force est de constater que deux de ses programmes n’ont strictement pas progressé durant deux ans, à savoir les 737 MAX 10 et 777-9, même si ce dernier vient enfin d’entamer ses vols de certification il y a quelques jours.
Les déboires de Boeing viennent même maintenant directement impacter Airbus, contraint de reprendre les activités aérostructures de Spirit AeroSystems pour ses programmes A350 et A220, ce qui n’est pas de bon augure quant à la maîtrise de ses coûts de production sur ces deux programmes. L’avionneur européen aurait même récemment engagé un programme d’amélioration de ses performances pour sa division Avions Commerciaux, avec un gel des embauches, pour mieux adapter son système de production au regard de la récente révision à la baisse du nombre de ses prévisions de livraisons pour l’année (770 contre 800).
Le prochain Farnborough pourra pourtant aussi créer des surprises, à l’instar du brésilien Embraer qui entend profiter de la scène médiatique du salon pour annoncer quelques nouveautés pour ses familles d’E-Jet, et alors que ses prévisions de livraisons sur l’année reviennent pratiquement à celle d’avant la pandémie, même si elles restent encore très inférieures à la période dorée des années 2007-2009. Il pourrait même aussi faire les affaires d’ATR, qui en a tant besoin, avec en particulier le projet du géant indien IndiGo de venir maintenant renforcer sa présence sur le secteur régional.
On l’aura compris, ce salon de Farnborough sera celui des paradoxes pour ce qui est de l’aviation commerciale. Ce qui est sûr aussi, c’est que son organisation particulièrement tardive cette année sera immédiatement suivie par une pause bien méritée pour permettre à tout un secteur de souffler un peu après tant de gestions de crises…