Les langues commencent décidément à se délier, alors que la France est définitivement plongée dans l’incertitude, tant sur le plan politique qu’économique. Ben Smith, le PDG d’Air France-KLM, a profité du 20e anniversaire du groupe franco-néerlandais pour lancer quelques piques à l’attention du gestionnaire des aéroports parisiens, en particulier quant au fait qu’il n’y a pas assez de passerelles disponibles dans les terminaux utilisés par Air France lors de la vague de correspondances du matin.
Le manque de postes de stationnement au contact engendre évidemment des retards (attente avant débarquements, trajets en bus si l’appareil est stationné au large, délais allongés pour la livraison des bagages, stress accru pour les passagers en correspondance…) et des situations qui ne favoriseront pas l’attractivité de la compagnie française au cours des prochaines années.
La situation est d’autant plus absurde qu’Air France a décidé de quitter l’aéroport d’Orly en 2026 pour concentrer ses opérations à Roissy, avec à la clé une aggravation de la situation actuelle. Et pour ne rien arranger, le manque de projet de développement de l’aéroport de Roissy CDG est aussi à remettre dans la perspective de la progression du trafic attendue en Europe dans les prochaines décennies (+44% en 2050 par rapport au niveau de trafic de 2019 dans l’hypothèse de base d’Eurocontrol).
Mais ce n’est pas le Groupe ADP, contrôlé par l’État, qui doit être cloué au pilori. Le gestionnaire des aéroports de Paris vient certes d’augmenter ses redevances, mais aucun des trois derniers ministres des Transports n’a donné une quelconque direction à suivre, et encore moins l’ombre d’une priorité, quant à l’évolution future de la plateforme de Roissy. La construction du Terminal 4, on s’en souvient, avait été abandonnée en 2021 car jugé « obsolète » et non conforme « à la politique environnementale du gouvernement » mené par Jean Castex. Pour l’instant, Ben Smith ne cherche pas encore à voir émerger un nouveau terminal géant à CDG. Mais cette situation peut-elle durer encore longtemps ?
Le groupe Air France-KLM a d’ailleurs voulu rappeler pour ses 20 ans qu’il était un important contributeur à l’économie française, avec 1,9% du PIB et plus de 550 000 emplois directement et indirectement liés dans l’Hexagone.
Alors que faudra-t-il faire pour que des choix stratégiques et des investissements importants viennent au secours de Roissy CDG et du hub d’Air France dans les prochaines années ? Le retour de la piste de la privatisation d’ADP ? Un gouvernement avec une vision à long terme ?
L’avenir de l’aéroport de Roissy CDG s’annoncent finalement aussi complexe, et tout aussi liés aux résultats des prochaines élections législatives…
 
			 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
