Des bribes d’information se multiplient depuis maintenant six mois, crédibilisant toujours davantage l’arrivée du Mirage 2000 au Maroc. Les Forces Royales Air (FRA) récupéreraient ainsi une importante partie de la flotte des Mirage 2000-9 de l’armée de l’air des Émirats arabes unis (UAEAF), alors que parallèlement, le mégacontrat des 80 Rafale F4 destinés à Abou Dabi est désormais inscrit au carnet de commandes de l’avionneur Dassault Aviation. L’UAEAF dispose aujourd’hui de près d’une soixantaine de Mirage 2000-9, la version la plus évoluée et la plus polyvalente du chasseur monoréacteur français, car capable d’effectuer des missions d’attaque au sol.
Les Mirage 2000 des Émirats arabes unis seraient ainsi cédés gracieusement au Maroc, une opération qui pourrait même démarrer assez rapidement, car des pilotes et des mécaniciens marocains seraient déjà en train d’être formés par l’UAEAF, et notamment en France, alors que les premiers Rafale destinés à les remplacer ne sont pas attendus avant 2027. Il faut dire que les relations diplomatiques entre Rabat et Abou Dabi ont toujours été particulièrement bonnes et ce n’est pas la première fois qu’un tel accord existe entre les deux pays. On s’en souvient, le Boeing 747-8 BBJ du Royaume avait déjà été offert par les Émirats arabes unis en 2017.
Évidemment, pour la France, une telle transaction n’est évidemment pas du tout dénuée d’intérêts, même si les relations entre Paris et Rabat ont malheureusement aussi connu quelques crises ces dernières années.
L’arrivée des Mirage 2000 pourra directement intéresser les industriels présents sur le programme, alors que le Maroc s’est principalement tourné vers les États-Unis depuis 2008, en particulier avec l’achat de chasseurs F-16 et d’hélicoptères d’attaque AH-64E pour développer ses capacités face à son voisin algérien, et même si les FRA disposent toujours d’une flotte de 26 Mirage F1 qui ont été modernisés au standard ASTRAC par Thales et Safran il y a une dizaine d’années. Dassault Aviation a par exemple récemment remporté un important contrat de soutien pour les Mirage 2000 de l’armée de l’Air et de l’Espace (AAE) jusqu’à leur retrait de service (contrat BALZAC), un contrat de MCO d’une durée de 14 ans dont la mise en place pourrait évidemment aussi intéresser à terme le Maroc, un pays dont le budget de la Défense connaîtra en importante augmentation cette année (4,84 milliards d’euros, l’équivalent de 4% de son PIB).
Il ne manque presque plus finalement qu’une annonce d’un renforcement de la coopération aéronautique militaire entre la France et le Maroc, par exemple comme cet exercice conjoint des deux armées de l’air baptisé « Échange Air Maroc 2022 » et mené depuis le 16 mai dernier avec des Mirage 2000 et des Mirage F1…